Zakaria Boualem et le service d'écoutes téléphoniques américain

Par Réda Allali

Zakaria Boualem souhaite entamer cette page guillerette par une note positive. Il adresse donc ses félicitations les plus sincères à nos glorieux responsables pour le changement d’horaire réalisé avec brio dimanche dernier. Il est en effet trop souvent accusé de pointer du doigt ce qui ne fonctionne pas, soupçonné même d’y trouver une certaine délectation, et il sent bien que cette attitude négative ne mènera nulle part. Assez grogné, donc, saluons l’exploit technologique du changement d’horaire sans cafouillage. Notons qu’il s’agit là du quatrième changement de l’année, on ne compte pas celui qui a été annulé. Certains esprits chagrins pensent que c’est un peu trop, ils sont sans doute mal informés des bienfaits des changements d’horaires répétés. Pour rester sur cette note positive, Zakaria Boualem voudrait signaler que le match Raja/FAR de dimanche dernier a également constitué un exploit en termes d’organisation. Certes, il s’est trouvé comme d’habitude une poignée de spectaculaires crétins des deux bords pour malmener de braves gens ou leurs biens, mais nous sommes bien loin de l’infernal Jeudi noir d’avril dernier, au cours duquel ce même match avait donné lieu à des scènes d’une abominable barbarie. Les tristes sires geindront encore une fois que c’est là la preuve qu’on aurait pu éviter le drame du Jeudi noir avec un peu de sérieux et d’organisation, on ne leur répondra même pas… Signalons également que ce match s’est soldé par une brillante victoire des Verts sur le large score de un but à zéro, un résultat qui n’est pas étranger au ton globalement léger de cette page. Sans aucune espèce de transition (depuis le temps qu’on se connaît, faisons-nous grâce des simagrées), Zakaria Boualem a appris que les Américains avait espionné 60 millions de communications téléphoniques en Espagne. Ce chiffre est prodigieux. S’ils avaient intercepté le même nombre de nos communications, ils seraient probablement devenus fous. Imaginez un peu un John chargé de cette tâche ingrate, qui rend compte à son supérieur en ces termes :

– Boss, je crois qu’ils utilisent des codes, leurs conversations sont cryptées, ils parlent de quelqu’un qui est en prison pour un bisou.

– Mmmm… ça doit être un nom de code pour désigner le journaliste enfermé… Il y a autre chose ?

– Un nombre important de conversations parle de douara, on a interrogé la base de donnée, on attend la réponse, probablement un autre code.

– Non, c’est un truc qu’ils bouffent laisse tomber…

– Un truc aussi à signaler, c’est que dimanche dernier, la moitié du Maroc a appelé l’autre moitié pour lui demander quelle heure il était…

– Mmmm, ça doit être une coutume sunnite, sans doute.

– Peut-être, mais c’est la deuxième fois qu’ils font ça ce mois-ci.

– Damned.

– Il faut que je creuse ce truc.

– Okay, ils parlent de quoi en général, le reste du temps, John ?

– On a dénombré 98% des discussions qui portent sur des querelles de famille, des bagarres de voisins, des problèmes de copropriété ou de syndic. Il y a aussi les affaires d’héritage, les mauvais payeurs, les humiliations au boulot, des problèmes de pénalty sifflés ou non sifflés j’ai pas bien compris, des…

– Arrête, c’est bon, tu peux disposer.

– Je peux vous demander une faveur ?

– Yeah, quoi donc ?

– Je veux changer de service, je n’en peux plus, parfois j’ai envie d’intervenir dans leurs discussions. Ils ont mis plusieurs mois à changer de gouvernement, maintenant ils essayent de changer leurs dirigeants du foot, c’est affreux, je suis au bord de la crise de nerfs, en plus ils répètent tout plusieurs fois !

– Okay, c’est bon, je t’affecte aux écoutes russes.

– Qui va me remplacer avec les Marocains?

– Personne, ces gens-là sont incapables d’organiser quoi que ce soit de dangereux, je dissous le service des écoutes marocaines.

Et merci.