Des étudiants de retour dans la rue pour dénoncer une "ruse" de Bouteflika

Plusieurs centaines d'étudiants et étudiantes manifestent mardi dans le centre d'Alger, malgré les annonces la veille d'Abdelaziz Bouteflika, qualifiées de “ruse” du pouvoir visant à prolonger pour une durée indéterminée le quatrième mandat du chef de l'Etat.

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Crédit: Des étudiants algériens manifestent le 12 mars à Alger, au lendemain de l'annonce du président Bouteflika de retirer sa candidature à un cinquième mandat et de reporter l'élection présidentielle.

Les étudiants résistent à la prolongation du 4e mandat!”, scandent les manifestants brandissant de nombreux drapeaux, ont constaté des journalistes de l’AFP. Ceux-ci ont commencé à défiler dans une des principales artères du centre-ville, après s’être rassemblés sur la Place de la Grande-Poste, bâtiment emblématique du coeur de la capitale.

Il faut sauver le peuple, pas le pouvoir”, “Pas de ruse, Bouteflika”, crient encore les étudiants, qui manifestent pour le 3e mardi consécutif, après des appels réitérés sur les réseaux sociaux.

Signe de la réactivité de ces réseaux sociaux et des protestataires, sur les nombreuses pancartes, le logo de la contestation initiale née le 22 février contre un 5e mandat – un “5” cerclé et barré de rouge- a laissé la place à un “4” cerclé et barré, refus désormais du prolongement de l’actuel mandat de M. Bouteflika.

Des étudiants algériens manifestent le 12 mars à Alger, au lendemain de l’annonce du président Bouteflika de retirer sa candidature à un cinquième mandat et de reporter l’élection présidentielle.Crédit: RYAD KRAMDI / AFP

Confronté à une contestation inédite depuis son élection à la tête de l’Algérie il y a 20 ans, le chef de l’Etat algérien a annoncé lundi soir renoncer à briguer un 5e mandat et reporté la présidentielle du 18 avril. Il a prolongé par la même son mandat sine die, jusqu’à un prochain scrutin dont la date sera fixée ultérieurement par une “Conférence nationale”, dont les travaux pourraient durer jusqu’à la fin de l’année.

A l’international, la France, ancienne puissance coloniale, a salué mardi, par la voix du président Emmanuel Macron, la décision “du président Bouteflika”, tout en appelant à “une transition d’une durée raisonnable”.

La mobilisation étudiante de mardi doit constituer une première indication de la réussite ou de l’échec des annonces du chef de l’Etat à calmer la contestation, d’une ampleur inégalée depuis sa première élection en 1999.

Des rassemblements étudiants sont prévus dans d’autres villes, dont Annaba (nord-est), très mobilisée depuis le début du mouvement. Dans cette quatrième agglomération d’Algérie, les étudiants ont appelé à des rassemblements à l’intérieur même des différents campus.

Le véritable révélateur sera néanmoins vendredi, premier jour de week-end et traditionnel journée de manifestation depuis bientôt trois semaines.

M25M

Sur les réseaux sociaux le hashtag “Mouvement_du_25_Mars” a déjà remplacé ceux des 22 février, 1er et 8 mars – les trois vendredi précédents théâtres de manifestations massives -, en appelant à un 4e vendredi consécutif de mobilisation.

Mardi, le quotidien El Watan, au diapason, a dit voir dans les annonces de la veille “la dernière ruse de Bouteflika” qui “annule la présidentielle et reste au pouvoir”.

Liberté, autre quotidien francophone, fustige “la grande supercherie”, et estime aussi que “le président tente une nouvelle ruse avec le peuple”.

El Khabar note que M. Bouteflika “s’est plié à la demande du peuple de ne pas se présenter à l’élection présidentielle, mais en usant d’un procédé lui permettant de demeurer président sans passer par des élections”.

On ignore comment la rue, qui a lui a demandé de quitter le pouvoir, va réagir”, ajoute le quotidien arabophone.

Après deux semaines d’hospitalisation en Suisse, Abdelaziz Bouteflika, 82 ans et sérieusement affaibli à la suite d’un AVC en 2013, est apparu lundi soir – au lendemain de son retour en Algérie – sur des images diffusées par la télévision nationale, peu après ses annonces.

On le voit recevoir successivement, dans sa résidence médicalisée de Zéralda, près d’Alger, plusieurs hauts responsables du pays.

Promu au rang de vice-Premier ministre, Ramtane Lamamra, qui occupe également le portefeuille des Affaires étrangères, a pour sa part argué lundi soir que les Algériens n’avaient “pas droit à l’erreur” face à la “responsabilité historique” liée à la décision d’Abdelaziz Bouteflika de ne pas briguer un cinquième mandat.

M. Lamamra, qui s’exprimait sur RFI, a assuré que les prochaines élections seraient “absolument libres”, au vu des garanties apportées par les autorités.