Le ministre de l’Equipement et de l’eau, Nizar Baraka, a révélé il y a quelques semaines que la situation hydrique dans la partie sud de la capitale économique était particulièrement critique. Le barrage Al Massira, qui forme avec les barrages Daourat et Sidi Saïd Maâchou, le complexe hydraulique de l’oued Oum Er-Rbia, principal pourvoyeur en eau de Casablanca-Sud, est presque à sec.
Du coup, afin d’éviter les coupures d’eau, le gouvernement a prévu de mobiliser davantage le bassin hydraulique du Bouregreg, qui alimente déjà le nord de Casablanca. Le barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah, situé à environ 20 kilomètres au sud-est de Rabat, deviendrait alors le principal fournisseur de la métropole.
Lydec, gestionnaire délégué de l’eau potable à Casablanca, est également consciente de la menace qui pèse sur l’approvisionnement en eau potable de plusieurs millions d’habitants. “Lydec, en tant qu’opérateur de services publics sur le Grand Casablanca, a élaboré et partagé avec les autorités un plan d’actions détaillé visant à gérer la pénurie d’eau sur le périmètre de la gestion déléguée”, affirme Abdellah Talib, son directeur en charge du développement durable, de l’innovation et de la communication.
Et d’ajouter qu’un “dispositif de sensibilisation est lancé pour inciter les clients à rationaliser leur consommation en eau”.
La Lydec parie sur la communication pour rationaliser la consommation d’eau
En 2018, déjà, Lydec avait adopté une feuille de route pour le développement durable à l’horizon 2030 (FRDD 2030) composée de quatre engagements et 11 objectifs stratégiques.
Lancée en 2019, elle est, précise Abdellah Talib, adossée aux référentiels nationaux et internationaux (Objectifs de développement durable, Stratégie nationale du développement durable, etc.) et tient compte des objectifs des visions territoriales (Plan d’action communal et Plan de développement du Grand-Casablanca).
“Le plan pour faire face à la situation exceptionnelle de sécheresse que vit le Maroc comporte un rappel sur les besoins et les ressources disponibles en eau, un dispositif de gestion de la pénurie définissant et détaillant le mode d’organisation de Lydec selon trois seuils de surveillance (vigilance, alerte et crise), les consignes de gestion des réserves en eau durant la saison estivale, le plan de réajustement des consignes de pression et des débits, la réduction des pertes en eau, les solutions alternatives d’approvisionnement en eau et l’augmentation des ressources en eau non-conventionnelles”, détaille Abdellah Talib.
Un dispositif de communication et de sensibilisation à la préservation des ressources hydriques a également été déployé. Il comprend des campagnes sur les réseaux sociaux, de l’affichage dans les agences clientèle, des messages dans les factures, ainsi que des rencontres avec des associations de quartier et des établissements scolaires.
“Ecouter” les fuites pour mieux les réparer
Outre la communication, le gestionnaire délégué a mis à disposition des autorités ses moyens d’études au service d’un “programme ambitieux” de réutilisation des eaux usées, traitées par des stations d’épuration pour arroser les espaces verts de Casablanca. “Il s’agit notamment des parcs situés au niveau de la promenade maritime de la mosquée Hassan II, du parc de la Ligue arabe, d’Anfa Park, des espaces végétalisés de l’autoroute urbaine de Casablanca, des golfs d’Anfa et de Mohammedia ainsi que des terrains de football”, énumère notre interlocuteur, assurant que “la définition des montages financiers nécessaires à la mise en œuvre de ces projets est en cours”.
2200 détecteurs acoustiques fixes de fuites sont mobilisés pour “écouter” environ 18.000 km de réseaux lors des opérations d’inspection nocturnes
Lydec compte également réduire les pertes en eau en détectant et en réparant les fuites : 2200 détecteurs acoustiques fixes de fuites sont mobilisés pour “écouter” environ 18.000 km de réseaux lors des opérations d’inspection nocturnes. Ainsi, en 2021, les équipes de la Lydec ont détecté et réparé près de 16 700 fuites d’eau au niveau des conduites, des branches et des postes de comptage, économisant plus de 10 millions de m3 d’eau potable.
Sécuriser des stocks vitaux
En 2020, Lydec a continué à construire des réservoirs de stockage d’eau, qui permettent d’assurer et de sécuriser l’autonomie d’alimentation dans certaines zones. Comme les réservoirs de Ryad, de Mansouria et de Bouskoura.
D’importants investissements dans de grands projets de collecte des eaux usées ont également été réalisés, tels que les transferts des eaux usées de Bouskoura Ville Verte, Bouskoura Ouled Saleh, Tit Mellil-Sidi Moumen et Errahma-Hay Hassani. Des projets qui devraient aussi permettre d’acheminer les affluents en provenance des différentes communes et arrondissements situés dans des zones d’extension du Grand Casablanca vers le réseau existant qui rejoint les deux systèmes anti-pollution du Grand Casablanca (Est à Sidi Bernoussi et Ouest à El Hank).
911 millions de dirhams, dont 49% (soit +451 millions de DH) alloués au métier de l’assainissement, 24% à l’eau potable et 20% à l’électricité et l’éclairage public ont été investis en 2020 par Lydec pour améliorer la qualité de ses services.
En attendant la station de dessalement d’eau de mer, dont la première partie devrait être mise en service en 2026, Casablanca devra certainement rationaliser sa consommation afin d’éviter une pénurie en eau
Le gestionnaire délégué s’est engagé à réaliser une station de pompage d’une capacité de 1000 litres/seconde et une conduite de refoulement entre le site Médiouna 140 et Merchich 240. Le coût de ce projet s’élève à environ 108 millions de DH. “Son objectif est de sécuriser l’alimentation en eau potable de la zone Sud du périmètre de la Gestion déléguée qui connaît une expansion urbaine importante avec les communes de Bouskoura, Ouled Saleh, Médiouna, El Mejjatia Ouled Taleb, Lahraouiyine”, conclut Abdellah Talib.
En attendant la station de dessalement d’eau de mer, dont la première partie devrait être mise en service en 2026, Casablanca devra certainement rationaliser sa consommation afin d’éviter une pénurie en eau qui mettrait en danger la vie de plusieurs millions d’habitants et porterait un coup fatal au principal tissu économique et industriel du pays.