Identité numérique: un levier de souveraineté et de confiance citoyenne

Avec la plateforme nationale d’identification et d’authentification numérique, le maroc pose les bases d’une confiance numérique active et d’une souveraineté technologique assumée.

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À l’heure où le numérique s’impose dans tous les aspects du quotidien, une exigence demeure centrale : celle d’instaurer un climat de confiance. Car si les plateformes se multiplient et les services en ligne se généralisent, l’adhésion des citoyens reste suspendue à une condition essentielle : la sécurité de leurs données et la simplicité de leur expérience. Le Maroc, pleinement conscient de cet impératif, a mis en place une plateforme nationale d’identification et d’authentification numérique fondée sur la Carte nationale d’identité électronique (CNIE).

Un jalon fondamental dans la construction d’une souveraineté digitale à la fois sécurisée, inclusive et efficiente, selon l’Agence de développement du digital (ADD), partenaire du projet sous la tutelle du ministère délégué auprès du Chef du gouvernement chargé de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration. Déployée en avril 2022 à l’initiative conjointe de l’ADD et de la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), cette plateforme offre aux citoyens la possibilité de prouver leur identité en ligne, sans avoir à multiplier les justificatifs ni à créer des comptes sur chaque site. Elle permet d’accéder, en quelques clics, à une large gamme de services publics ou privés de la santé à la justice, en passant par les collectivités locales, la finance ou les télécommunications.

Selon l’ADD, cette identité numérique repose sur des technologies certifiées : une authentification forte basée sur les certificats numériques stockés dans la CNIE et utilisant des données biométriques et numériques sécurisées, comme le code PIN, la reconnaissance faciale biométrique, l’authentification multifactorielle et bien d’autres méthodes. Le tout dans une logique d’interopérabilité sécurisée avec l’infrastructure PKI (Public Key Infrastructure) de la DGSN. Résultat : une expérience utilisateur fluide, une protection renforcée contre l’usurpation d’identité et des accès sécurisés aux services numériques publics et privés.

Mais l’enjeu dépasse la simple ergonomie. En dotant ses citoyens d’une identité numérique unique, le Royaume affirme sa souveraineté technologique. Il s’assure que les données sensibles sont traitées localement, conformément aux normes internationales, et qu’elles servent l’intérêt général sans compromettre la vie privée des usagers.

Le respect du principe de “privacy by design” inscrit cette solution dans un cadre de confiance active, où la protection n’est pas seulement promise, mais intégrée dès la conception. L’ADD insiste d’ailleurs sur cette approche comme fondement éthique de la plateforme. Les résultats parlent d’eux-mêmes. En deux ans, la plateforme a connu une expansion rapide : 101 présentations ont été organisées auprès d’organismes publics et privés, 60 preuves de concept réalisées, et plus de 90 fournisseurs de services sont déjà intégrés ou en voie de l’être.

L’année 2024 a marqué une accélération de cette dynamique, avec l’ajout d’un SDK mobile pour faciliter l’intégration de la plateforme dans les applications, l’extension de l’authentification aux passeports biométriques marocains et internationaux conformes à la norme ICAO 9303 et cartes de séjour, ainsi qu’un audit de sécurité rigoureux aligné sur la norme ISO 27001.

Pour les citoyens, les bénéfices sont concrets : moins de mots de passe à mémoriser, plus besoin de se déplacer ou d’imprimer des documents pour prouver son identité, un accès rapide et sécurisé à une multitude de services. Cette transformation marque le passage d’une identité administrative fragmentée à une identité numérique unifiée, traçable, et surtout respectueuse de la vie privée