Le secteur numérique ne représente pas plus de 1% du PIB marocain. Crédit: DR

Enseignement supérieur : ce qui va changer à la rentrée

Dès la rentrée prochaine, plusieurs changements sont attendus dans l’écosystème universitaire dans le cadre de la mise en œuvre de la réforme portée par le ministre de l’Enseignement supérieur, Abdellatif Miraoui. TelQuel fait le point.

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En décembre dernier, Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation, annonçait une série de réformes à venir dans le milieu universitaire, dans le cadre du Plan d’accélération de la transformation de l’écosystème d’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation (ESRI 2030).

Une réforme globale prévue sur les prochaines années, et qui prend la forme d’une série de transformations ambitieuses de l’écosystème universitaire, en mettant notamment l’accent sur l’innovation technologique et la transition digitale. Deux chantiers primordiaux pour le ministre, par ailleurs ancien président de l’Université Cadi Ayyad, qui promet l’exécution de certains de ces changements dès le début de la prochaine rentrée universitaire.

Cap sur le digital

Le projet de réforme est, selon les récentes déclarations du ministre, le fruit de longues consultations menées avec différents acteurs universitaires à travers les douze régions du royaume.

Alors que les besoins du marché du travail à travers le monde sont de plus en plus transformés par l’arrivée de nouvelles technologies, le secteur numérique ne représente pas plus de 1% du PIB marocain, tandis que le nombre de lauréats annuels formés dans ce secteur ne dépasse pas 8700 étudiants. Un nombre que le ministère ambitionne de porter à 22.000 lauréats d’ici 2026, et à 50.000 d’ici 2030.

“C’est une ambition réaliste et faisable, étroitement alignée aux besoins actuels du marché et au potentiel de développement futur de notre économie”, déclare Abdellatif Miraoui à ce sujet, dans le cadre d’un entretien accordé à TelQuel.

Pour ce faire, le ministère prévoit notamment l’intégration de modules liés aux compétences digitales dans l’ensemble “des parcours de licence nouvelle génération au sein des établissements à accès ouvert”.

L’Intelligence artificielle devrait également faire son entrée au sein des universités (…) le ministère travaille même à l’élaboration de parcours propres à l’IA

De son côté, l’Intelligence artificielle devrait également faire son entrée au sein des universités. Alors que le ministère avait récemment encouragé l’ensemble des établissements supérieurs à intégrer l’IA au sein de leurs programmes et parcours, le ministère travaille actuellement à l’élaboration de parcours propres à l’IA, dans les cycles de licence, de DUT et de Masters.

À en croire le ministre de tutelle, les soft skills ont une place de choix dans le cadre de cette réforme. S’il préfère utiliser le terme power skills, Abdellatif Miraoui assure que ces compétences, non spécifiques aux filières de formation dans le domaine du digital, acquièrent “une importance particulière dans ce domaine à forte teneur technologique et impactent la maximisation des retombées de la transition technologique”.

Leur importance réside dans la contribution au renforcement des capacités de leadership, de prise d’initiative et d’entrepreneuriat, en vue de “libérer le potentiel créatif des étudiants et les concrétiser en termes de projets innovants, créateurs de valeur ajoutée et d’emplois”.

Dans ce sens, les compétences linguistiques ne sont pas en reste, la réforme ayant prévu l’introduction, au cours de chaque semestre, d’un module dédié aux langues étrangères, dont l’anglais. “Nous connaissons tous l’importance de cette langue pour accéder à des gisements de connaissances techniques et conceptuelles en constante évolution”, assure le ministre, dont la réforme prévoit également le développement de compétences transversales en rapport avec l’ancrage aux valeurs de citoyenneté, ou encore la connaissance de l’histoire du Maroc.

Les nouveautés de la rentrée universitaire

Plusieurs changements sont donc attendus dès la rentrée universitaire 2023-2024. Parmi eux, l’élaboration des nouveaux Cahiers de normes pédagogiques nationales du cycle licence. Selon le ministre de tutelle, cette réforme prévoit “la révision profonde des filières de formation pour les rendre en phase avec les attentes des territoires et du monde socio-économique en termes de capital humain”.

En effet, une vingtaine de licences, dont certaines sont restées inchangées au cours des 20 dernières années, ont été repensées pour être mieux adaptées au niveau de la formation, des langues, de la recherche scientifique, ainsi qu’au contexte et à l’évolution scientifique, économique et industrielle du pays.

D’après Abdellatif Miraoui, cette réforme prévoit également “l’instauration de système de crédits pour favoriser la capitalisation des acquis et donner la possibilité aux étudiants de réorienter leurs parcours de formation”.

La réforme apporte une grande nouveauté dans l’écosystème universitaire national : la formation par alternance

Cette mesure consacre l’ouverture de l’université marocaine sur son environnement, en institutionnalisant des programmes de mobilité nationale et internationale. Longtemps revendiquée dans l’écosystème universitaire, cette mobilité sera désormais partie intégrante du parcours académique des étudiants.

Si la réforme mise sur la diversification des modes d’enseignement en privilégiant le mode hybride, elle apporte une grande nouveauté dans l’écosystème universitaire national : la formation par alternance. “Les étudiants auront ainsi la possibilité de suivre à la fois des cours et en même temps une formation liée à l’emploi qu’ils auront choisi afin de réussir l’adéquation entre la formation et le marché de l’emploi”, avait expliqué le ministre, mi-avril, en réponse à une question orale à la Chambre des représentants.

Quant au partenariat public-privé, il devrait également contribuer positivement au renforcement de l’offre de formation proposée dans les universités marocaines, sans pour autant, assure le ministre, se diriger vers “une privatisation de l’enseignement supérieur ou ses services s’y rattachant”.

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