Casablanca attend son nouveau stade omnisports depuis près de 15 ans. En 2005 déjà, le dossier de candidature du royaume pour l’organisation de la Coupe du Monde 2010 prévoyait une enceinte de 95 000 places dans le quartier de Sidi Moumen. A l’époque, le président du comité de candidature, Saâd Kettani, avait assuré que tous les projets de stades annoncés seraient maintenus, même en cas d’échec… et le Mondial 2010 a été attribué à l’Afrique du Sud.
13 ans plus tard, le dossier de candidature du Maroc pour l’organisation de la Coupe du Monde 2026 prévoyait non pas un, mais deux stades de football à Casablanca. Un premier pouvant accueillir 93 000 spectateurs dédié au match d’ouverture et à la finale, et un second, plus petit, destiné à accueillir par la suite les matchs du Raja et du Wydad.
Comme en 2005, le patron du comité de candidature, Moulay Hafid El Alamy, avait également assuré que tous les projets contenus dans le dossier de candidature seraient réalisés. Les deux promesses n’ont pas été tenues.
Sans nouveau stade, point de salut ?
Du côté du conseil de la ville, le verdict est pourtant sans appel. “Casablanca a besoin d’un nouveau stade d’une capacité d’accueil de 100 000 spectateurs. Actuellement, le Complexe Mohammed V, qui dispose de 44 000 places, ne peut satisfaire les nombreux supporters”, nous assure une source au sein du conseil.
Et d’enfoncer le clou : “Je le dis et le redis, la solution pérenne aux problèmes du Complexe Mohammed V est la construction d’un nouveau stade avec une capacité d’accueil à la hauteur du public casablancais”. En revanche, notre interlocuteur, “incapable de juger des engagements pris par d’autres responsables”, préfère ne pas évoquer les projets de stade que prévoyaient les dossiers de candidature pour les Mondiaux de 2010 et 2026.
En attendant la construction éventuelle d’un nouveau stade, les problèmes et manquements dans la gestion du Complexe Mohammed V ont été mis en exergue lors des récentes affiches impliquant les deux géants du football casablancais.
Fin avril, les couacs lors des ventes de billets pour les matchs opposant le Raja au club égyptien Al Ahly et le Wydad au club algérois Belouizdad ont entraîné des scènes de chaos. La SDL Casa Events, qui gère les événements qu’abrite le Complexe, avait préféré confier la vente de billets à une société possédant des points de vente physiques plutôt qu’opter pour la billetterie en ligne. Ce qui a provoqué l’ire des fans rajaouis et wydadis et des troubles avant les matchs.
Que fait donc la ville pour empêcher qu’une tragédie survienne aux abords du stade ? “Le conseil de la ville attend les conclusions du comité de suivi du contrat de la gestion déléguée du Complexe Mohammed V, pour trouver des solutions aux problèmes actuels. Il y a des problèmes qu’il faudra résoudre en concertation et avec l’implication de tous les acteurs concernés”, nous assure-t-on.
Et de préciser que les problèmes concernent l’accès au stade, mais aussi la réhabilitation de la piscine couverte, complètement abandonnée depuis plusieurs mois. Le comité de suivi a effectué une visite des installations du Complexe, et ses conclusions devraient être “bientôt” dévoilées.
Un cas particulier
Au Maroc, la Société nationale de réalisation et de gestion des stades (Sonarges) – détenue à 100% par l’Etat – s’occupe de la gestion de 5 enceintes sportives : Tanger, Marrakech, Agadir, Fès ainsi que le complexe sportif Prince Moulay Abdellah de Rabat, qui était auparavant dans le giron du ministère de la Jeunesse et des sports. Le Complexe Mohammed V, lui, appartient exclusivement à la ville de Casablanca.
Son emplacement au cœur de la métropole, dans un quartier prisé, le rend attractif aux yeux des promoteurs immobiliers alors qu’il pose de sérieux problèmes de sécurité aux riverains. Mais il faut aussi prendre en compte les 15% de recettes de billetterie récoltés par Casa Events, qui font du complexe une manne financière considérable.
Ces dernières années, pas moins de 220 millions de dirhams ont été investis dans des travaux de réhabilitation financés en grande partie par le ministère des Sports (130 MDH), la Fédération royale marocaine de football (40 MDH) ou encore la commune de Casablanca (30 MDH). Malgré les fermetures à répétition qui ont poussé le Raja et le Wydad à recevoir leurs adversaires dans les villes avoisinantes, les défauts du stade persistent.
Pour ne rien arranger, Casa Aménagement, la SDL chargée des travaux, demande une rallonge de 90 millions de dirhams pour compléter son plan de réaménagement. Si Casablanca lance finalement la construction d’un nouveau stade, qu’adviendra-t-il alors du Complexe Mohammed V ? Sera-t-il vendu et remplacé par des immeubles ou sera-t-il conservé, en hommage à la mémoire du sport casablancais ?
Y a-t-il encore de l’espoir pour le complexe Al Amal ?
Le Complexe Mohammed V n’est pas la seule infrastructure sportive représentant un sérieux problème à Casablanca. Avec ses 5 500 places, le complexe sportif Al Amal, autrefois fierté du tennis national, a accueilli des athlètes de renom : l’Espagnol Pablo Andujar, le suisse Stanislas Wawrinka, ainsi que les légendes locales Hicham Arazi et Younès El Aynaoui, pour ne citer qu’eux.
Mais il n’accueille plus les rencontres du Grand prix international Hassan II de tennis (qui a déménagé à Marrakech en 2016), et sa pelouse s’est transformée en champ de mauvaises herbes. Casa Events aurait estimé le coût de son réaménagement à 80 millions de dirhams, un montant jugé “trop élevé” par la ville. En attendant le retour des tennismen, le complexe accueille désormais des tournois… d’échecs.
Sport : quelles infrastructures à Casablanca ?
Complexe Mohammed V
44 000 places, situé au Maârif, accueille les matchs du Raja et du Wydad ainsi que des concerts et autres événements artistiques
Complexe Al Amal
5500 places, situé à Beauséjour. Accueillait le Grand Prix Hassan II de Tennis, abrite aujourd’hui quelques manifestations culturelles mineures
Stade modulaire de Zenata
46.000 places, localisation prévue : éco-cité de Zenata
Date d’ouverture : 2025 selon le dossier de candidature du Maroc à l’organisation du Mondial 2026
Grand Stade de Casablanca
100 000 places, localisation prévue : commune de Mansouria, province de Benslimane
Date d’ouverture : 2025 selon le dossier de candidature du Maroc à l’organisation du Mondial 2026