70% des Marocains savent que le pays importe désormais de la viande, un taux qui grimpe à 77% chez les CSP+ (catégories socioprofessionnelles supérieures) et à 79% chez les 65 ans et plus.
Toutefois, cette connaissance ne se traduit pas par un changement des habitudes : 65% des informés ne demandent jamais l’origine de la viande à leur boucher. Seuls 30% le font systématiquement, un réflexe plus marqué chez les femmes (34%).
Parmi ceux qui connaissent l’existence des importations, seuls 15% ont déjà consommé cette viande. Un taux qui atteint 25% dans les régions du Nord-Est, et 20% chez les 18-24 ans. À l’inverse, 66% l’évitent, principalement par préférence pour le local (38%) ou par crainte sur la qualité (22%).
L’enquête souligne un attachement viscéral au produit national. Parmi les réfractaires à la viande importée, 38% privilégient le local, tandis que 21% des non informés (ignorant les importations) refuseraient d’en consommer par défiance.
Autre frein : 19% des consommateurs ignorent si la viande qu’ils consomment est locale ou importée, une ambiguïté qui nourrit la méfiance, notamment en milieu rural (76% de réticents).
Malgré l’objectif officiel de stabilisation des prix, 43% des Marocains estiment que les importations n’auront aucun effet sur le marché. Seuls 34% anticipent une baisse, dont 26% la jugent “probable dans les mois à venir”. Les jeunes (18-24 ans) se montrent les plus optimistes (45%), contre 53% de seniors sceptiques.
Les disparités sociales sont marquées : 36% des CSP+ croient à une baisse, contre seulement 22% des CSP–.
Si le gouvernement mise sur cette stratégie pour contenir l’inflation (le prix du kilo d’agneau dépasse désormais 130 dirhams dans plusieurs villes), le défi reste de rassurer les consommateurs. Pour le moment, en l’absence d’une traçabilité claire et de campagnes de sensibilisation, l’importé est perçu comme un pis-aller.