Face aux critiques croissantes visant l’empreinte écologique des grands événements sportifs, la candidature Espagne-Maroc-Portugal se veut exemplaire. Les trois pays ont ainsi promis une utilisation optimale des infrastructures existantes et une réduction significative des émissions de gaz à effet de serre.
Cependant, les contraintes logistiques liées à un tournoi organisé sur deux continents sont considérables. Les déplacements massifs entre l’Europe et l’Afrique, pour les équipes, les officiels et les supporters, seront en grande partie assurés par le transport aérien, l’un des modes les plus polluants, rappelle la FIFA dans un rapport d’évaluation des candidatures, publié le 30 novembre. Alors que le transport représente déjà une part importante de l’empreinte carbone des grandes compétitions sportives, cette édition pourrait battre des records en la matière.
Le Maroc, qui accueillera une partie des matchs, devra relever également un défi majeur : moderniser certaines infrastructures tout en respectant les critères de durabilité. Si les stades de Casablanca, Marrakech et Tanger sont déjà opérationnels, des améliorations sont nécessaires pour répondre aux exigences de la FIFA, notamment en termes de capacité d’accueil et d’accessibilité. Ces travaux doivent impérativement intégrer des solutions écologiques pour limiter leur impact environnemental, recommande la FIFA.
À titre de comparaison, les Jeux olympiques de Paris 2024 se sont engagés à atteindre la neutralité carbone en réutilisant 95% des infrastructures existantes. L’alliance Espagne-Maroc-Portugal pourrait s’inspirer de cet exemple pour réduire l’impact écologique de l’événement. Cependant, la dispersion géographique de cette Coupe du Monde rend la tâche encore plus complexe.
Organiser un événement d’une telle envergure ne se limite pas toutefois à des considérations techniques. Les droits humains constituent également un enjeu crucial, surtout dans un contexte où plusieurs éditions passées de la Coupe du Monde ont été entachées de controverses.
Au Maroc, des projets ambitieux sont prévus pour répondre aux attentes de la FIFA. Ces projets, s’ils sont mal encadrés, pourraient exposer des ouvriers à des conditions de travail précaires, notamment dans le secteur du bâtiment. Les autorités marocaines devront faire preuve de transparence et “mettre en place des mécanismes de contrôle” pour éviter toute exploitation, selon la FIFA.
En Espagne et au Portugal, les attentes sont différentes. Cependant, l’accueil d’un afflux massif de visiteurs pose des questions d’éthique dans les secteurs de l’hôtellerie et des services. Les travailleurs saisonniers, souvent indispensables pour ces événements, sont parfois victimes de pratiques abusives, comme des horaires excessifs ou des rémunérations insuffisantes.
Un exemple récent est celui du Qatar, où la Coupe du Monde 2022 a été vivement critiquée pour les conditions de travail des ouvriers migrants. Ces polémiques ont poussé la FIFA à inclure des clauses de respect des droits humains dans les contrats signés avec les pays hôtes. Reste à savoir si cette vigilance sera réellement appliquée pour l’édition 2030.
Au-delà des questions environnementales et sociales, l’organisation conjointe d’un tel événement soulève des enjeux géopolitiques. La collaboration entre le Maroc, pays africain, et ses partenaires européens pourrait renforcer les liens entre les deux continents, mais elle risque également de révéler des disparités économiques et infrastructurelles.
Le Maroc, en particulier, pourrait tirer un avantage stratégique de cette compétition. L’organisation d’une partie de la Coupe du Monde pourrait renforcer son attractivité touristique et lui permettre de se positionner comme un acteur clé sur la scène internationale. Cependant, ces retombées économiques potentielles dépendent de la capacité du pays à gérer efficacement les investissements nécessaires tout en minimisant les risques de surendettement ou de gaspillage.