Industrie marocaine : Ahmed Réda Chami plaide pour un “choc de simplification”

Lors de la deuxième édition de la Journée nationale de l’Industrie à Benguerir, Ahmed Réda Chami, président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), a dressé un bilan détaillé des avancées et défis de l’industrie marocaine, appelant à des réformes ambitieuses pour accélérer son développement.

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Ahmed Réda Chami, président du CESE et membre de la Commission spéciale sur le nouveau modèle de développement. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Dans son intervention, Ahmed Réda Chami a d’abord salué les progrès significatifs du secteur industriel marocain, notamment dans l’automobile, devenu “le premier exportateur du Royaume”, et l’aéronautique qui “en 18 ans, a su développer une base industrielle diversifiée et compétitive”. Il a souligné que “le Maroc a réussi à stabiliser la part de l’industrie manufacturée à près de 15% du PIB au cours des dernières années”.

Pour franchir un nouveau cap, le président du CESE a identifié cinq défis majeurs. Premier défi : la simplification administrative. “Ce qu’il faut, c’est un choc de simplification […] Il faut supprimer les autorisations et n’en garder que dans les secteurs vitaux”, a-t-il plaidé, appelant également à la création d’un “défenseur de l’entreprise”.

Le deuxième défi concerne la compétitivité, nécessitant une “baisse massive du coût de l’énergie et des coûts de logistique”. Le troisième porte sur le capital humain, où Chami a pointé “une inadéquation entre la formation et les besoins du marché” et “la faible adoption de la formation continue par les entreprises, seulement 9% contre 27% des pays similaires”.

L’innovation constitue le quatrième défi. “Le Maroc n’investit que 0,8% du PIB dans la R&D, contre 2,4% pour les pays de l’OCDE”, a-t-il souligné, déplorant que “le privé soit trop frileux pour aller dans l’innovation”.

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Le cinquième défi concerne l’intégration entre grandes entreprises et PME locales. Citant un récent rapport de la Banque mondiale, Chami a relevé que les entreprises marocaines “ne croissent pas assez vite et ne deviennent pas des entreprises à taille intermédiaire”.

Face à ces défis, le président du CESE a identifié plusieurs opportunités : la montée en gamme technologique, la diversification industrielle, notamment dans “l’économie digitale, les industries créatives, l’industrie pharmaceutique, l’économie verte”, et l’intégration dans les chaînes de valeur mondiales. Sur ce dernier point, il a affirmé plaider auprès des Européens “pour qu’ils nous considèrent dans l’espace stratégique européen”.

Enfin, Chami a insisté sur l’opportunité que représente la décarbonation, soulignant que “la transition énergétique est une opportunité majeure pour le Maroc de se positionner comme un leader de l’industrie verte”.

Pour concrétiser ces opportunités, il a appelé à un changement de paradigme dans l’investissement : “Il faut inverser l’investissement public-privé, soit deux tiers d’investissement privé”, tout en reconnaissant que “le privé n’a peut-être pas assez investi parce qu’il y a trop de barrières”.