Pour la quatrième journée consécutive, l’armée israélienne a mené des dizaines de frappes contre le mouvement islamiste, soutenu par l’Iran, qui a annoncé avoir visé des installations de production militaire près de Haïfa, le grand port du nord d’Israël.
Des bombardements intenses ont notamment visé l’est du Liban, l’un des fiefs du Hezbollah, où une frappe a fait 20 morts, presque tous des Syriens, à Younine, une localité proche de Baalbek, selon le ministère libanais de la Santé.
“C’était indescriptible, parmi les nuits les pires que nous ayons vécues. On se dit qu’il n’y a qu’une seconde entre la vie et la mort”, a raconté à l’AFP Fadia Rafic Yaghi, une femme de 70 ans propriétaire d’un petit magasin à Baalbek.
“Il y a des choses qui volent au-dessus de vos têtes et vous ne savez pas si elles vont vous tomber dessus ou pas”, a-t-elle témoigné, pendant que les secouristes fouillaient les décombres dans plusieurs lieux de la région.
Jeudi, l’armée a annoncé que son aviation avait attaqué 75 objectifs militaires du Hezbollah, dans le sud du Liban et dans la plaine de la Békaa, dans l’est. Elle a dit également avoir frappé récemment des infrastructures liées au Hezbollah le long de la frontière avec la Syrie.
Selon l’armée, 45 “projectiles” ont été tirés jeudi depuis le Liban vers Israël.
Les bombardements, qui ont fait plus de 600 morts depuis lundi, dont de nombreux civils, ont jeté plus de 90.000 personnes sur les routes au Liban, selon l’ONU. Plus de 22.000 d’entre elles sont entrées en Syrie, ont indiqué des sources de sécurité dans ce pays.
Face à cette escalade qui menace d’entraîner le Proche-Orient dans la guerre, la France et les États-Unis, rejoints par des pays arabes, occidentaux et européens, ont appelé mercredi à un “cessez-le-feu immédiat de 21 jours” pour “donner une chance à la diplomatie”.
“Il est temps de parvenir à un règlement à la frontière israélo-libanaise qui garantisse la sécurité et permette aux civils de rentrer dans leurs foyers”, ont écrit les présidents français et américain, Emmanuel Macron et Joe Biden.
Mais le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que l’armée poursuivrait son combat contre le Hezbollah “avec toute la force nécessaire”. “Il s’agit d’une proposition américano-française à laquelle le Premier ministre n’a même pas répondu”, a indiqué son bureau.
Son ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, a affirmé sur X qu’il n’y aurait “pas de cessez-le-feu dans le nord” et que le combat contre le Hezbollah continuerait “jusqu’à la victoire et jusqu’au retour en toute sécurité des habitants du nord dans leurs foyers”.
Le ministre des Finances, Bezalel Smotrich, d’extrême droite, a lui aussi rejeté tout cessez-le-feu, affirmant que l’objectif restait “l’écrasement du Hezbollah”.
En guerre contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre 2023, Israël avait annoncé à la mi-septembre avoir déplacé le “centre de gravité” de ses opérations vers le nord du pays, pour permettre le retour de dizaines de milliers d’habitants déplacés, dans cette région frontalière avec le Liban visée par des tirs de roquettes du Hezbollah depuis près d’un an.
Les tirs transfrontaliers ont gagné en intensité depuis la vague d’explosions meurtrières des appareils de transmission du Hezbollah, attribuée à Israël, les 17 et 18 septembre au Liban, puis une frappe israélienne le 20 septembre sur la banlieue sud de Beyrouth, qui a décapité l’unité d’élite du mouvement.
Le Hezbollah, allié du Hamas, a promis de continuer à attaquer Israël “jusqu’à la fin de l’agression à Gaza”.
Mercredi, le chef d’état-major de l’armée israélienne, le général Herzi Halevi, a demandé aux soldats de se préparer pour une possible offensive terrestre, réveillant le souvenir de la dernière guerre entre Israël et le puissant mouvement islamiste en 2006.
Joe Biden, dont le pays est le principal allié d’Israël, a de nouveau averti mercredi du risque d’une “guerre généralisée” au Proche-Orient, même si le Pentagone a jugé qu’une offensive terrestre n’apparaissait pas “imminente”.
L’armée israélienne a affirmé mercredi avoir frappé “plus de 2000 cibles” du Hezbollah depuis lundi. Selon le gouvernement, 9360 roquettes et missiles ont été tirés sur Israël en près d’un an.
“C’est une véritable angoisse. Nous ne savons pas ce qui va se passer, si les roquettes vont se rapprocher, si elles vont atteindre Haïfa. Nous entendons des boums comme des feux d’artifice”, a témoigné Fida Khoury, une habitante de la ville âgée de 28 ans.
Le Qatar, un des pays médiateurs dans la guerre à Gaza, a affirmé jeudi ne pas avoir connaissance d’un “lien direct” entre les négociations sur une trêve dans le territoire palestinien et les efforts internationaux en faveur d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hezbollah.
La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l’attaque sans précédent du Hamas contre Israël, le 7 octobre 2023, qui a entraîné la mort de 1205 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l’AFP basé sur les chiffres officiels israéliens incluant les otages morts ou tués à Gaza.
Sur 251 personnes enlevées, 97 sont toujours retenues à Gaza dont 33 sont déclarées mortes par l’armée.
En représailles, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.
Son offensive militaire à Gaza a fait jusqu’à présent 41.495 morts, majoritairement des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas, jugées fiables par l’ONU, et y a provoqué un désastre humanitaire.