Le parquet de Paris a confirmé qu’un suspect avait été “identifié et interpellé ce jour (mardi) dans le canton de Genève”, en Suisse. “Une demande d’extradition va être adressée aux autorités suisses”, a-t-il ajouté. La police genevoise n’avait pas répondu dans la soirée aux sollicitations de l’AFP.
Selon le parquet, le suspect, “en situation irrégulière sur le territoire français, a été condamné en octobre 2021, pour des faits de viol commis en 2019 (alors qu’il était mineur)”. Il avait été “libéré, en fin de peine, au mois de juin 2024”.
La victime, prénommée Philippine et âgée de 19 ans, était étudiante à l’université de Paris-Dauphine. Son corps avait été retrouvé enterré dans le bois de Boulogne, dans l’Ouest parisien, lors d’une battue samedi après-midi. L’étudiante avait été vue pour la dernière fois vendredi à l’heure du déjeuner, à l’université.
Selon une source policière, des témoins avaient raconté avoir vu un homme muni d’une pioche dans le secteur. La police judiciaire mène l’enquête, ouverte pour homicide volontaire.
Colère des politiques
Plusieurs responsables politiques français, de droite comme de gauche, ont mis en cause “la chaîne pénale et administrative” dans l’affaire du meurtre de Philippine, jugeant que le suspect n’aurait pas dû être libéré avant l’obtention du laissez-passer permettant son expulsion vers le Maroc.
“Quand on a quelqu’un qui est en détention, qui est un individu dont on peut penser qu’il est une menace pour la société française, on ne devrait pas avoir à le libérer avant même qu’on ait l’assurance qu’il pourra repartir”, a jugé le patron des socialistes, Olivier Faure, sur BFMTV/RMC.
“Le laissez-passer consulaire qu’on devait récupérer auprès des autorités marocaines devait déjà en réalité être récupéré avant même de le libérer ou de le mettre en rétention où les délais, là, sont en fait circonscrits dans le temps”, a-t-il jugé.
Selon une source proche du dossier, le suspect était sorti de détention le 20 juin et avait été placé en centre de rétention administrative (CRA) à Metz avant son expulsion.
Mais le 3 septembre, un juge des libertés et de la détention avait validé sa sortie du centre de rétention. Une mesure assortie d’une obligation de pointer. Le 4 septembre, le Maroc avait fait “parvenir l’autorisation d’expulsion” aux autorités françaises, selon cette source.
La veille du meurtre, le 19 septembre, le suspect avait été inscrit au fichier des personnes recherchées, parce qu’il ne respectait pas son obligation de pointer, toujours selon cette source.
“C’est le problème des OQTF (mesures d’éloignement du territoire, NDLR), il faut que ça aille vite”, a souligné François Hollande qui a mis en cause sur Franceinfo la “chaîne pénale et administrative”.
Le ministre de l’Intérieur, le très conservateur Bruno Retailleau (LR), a appelé sur X à “faire évoluer notre arsenal juridique”. “Nous ne pouvons pas nous contenter de déplorer ou de nous indigner”, a-t-il martelé
Sur France Inter, le président Les Républicains du Sénat Gérard Larcher s’est, lui aussi, interrogé sur le fonctionnement de la chaîne pénale, estimant que “c’est une des urgences” à traiter.
“Toute la lumière devra être faite sur les conditions de sa libération. Pour la sécurité des Français, l’expulsion systématique des délinquants et criminels étrangers est un impératif”, a jugé le député macroniste Charles Rodwell sur X.
Pour la députée RN Edwige Diaz, “une première mesure doit être immédiatement prise : un étranger sous OQTF doit passer de la case ‘prison’ à la case ‘avion’, sans passer par la case ‘libération’”.