Selon des éléments de son ordonnance dont l’AFP a eu connaissance, la magistrate décrit le groupe “Action des forces opérationnelles” (AFO) comme une “organisation hiérarchisée et structurée” dont l’objectif était de réaliser “des projets d’actions violentes concrètes dans des lieux symboliques tels que des mosquées” ou en visant la nourriture halal.
Suivant les réquisitions du Parquet national antiterroriste (Pnat) de mai 2023, la juge d’instruction a requalifié les faits, initialement considérés comme criminels, en faits délictuels, ce qui fait encourir une peine moins longue et envoie les 16 protagonistes devant le tribunal correctionnel plutôt que devant la cour d’assises spéciale.
Ces seize membres d’AFO sont principalement soupçonnés d’association de malfaiteurs terroriste et de recherches d’armes, avec des implications à des degrés divers.
Parmi les nombreuses cibles évoquées dans des projets parfois à peine déclaratifs : “tuer 200 imams radicalisés”, viser le rappeur Médine ou encore le prédicateur Tariq Ramadan, jet de grenades dans “les voitures des arabes”, “faire exploser une couscoussière à distance”…
L’ordonnance cite un document dans lequel la cellule francilienne d’AFO, particulièrement active, projette de faire “exploser” la porte d’une mosquée de Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine) et de positionner des “tireurs à longue distance”.
A également été évoquée la possibilité d’utiliser les femmes du groupe, dissimulées sous des niqabs, pour empoisonner de la nourriture halal en supermarché avec un composant de la mort-aux-rats.
Nombre des mis en cause, nés entre 1949 et 1986, ont un passé militaire ou ont décrit un attrait pour l’armée.
Au gré des professions actuelles ou passées déclinées par ces personnes, on retrouve un antiquaire, un téléopérateur de nuit auprès des taxis G7, un consultant en ressources humaines, un restaurateur, un artisan, une comptable, un chômeur ou un enseignant en lycée…
La juge endosse dans son ordonnance l’analyse du Pnat rapprochant AFO d’une “idéologie alimentée par l’assimilation du terrorisme jihadiste à l’islam en général, la crainte du grand remplacement, et une vision décliniste de la société française à laquelle répondait le survivalisme déviant vers l’accélérationnisme”.
Le Pnat rappelait que les mis en cause avaient “largement contesté avoir eu personnellement l’intention de mener des actions violentes”.
Plusieurs personnes affiliées à des groupes d’ultradroite ont été condamnées ces dernières années à Paris.