Le contexte de cette succession qui intervient en pleine guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre par Israël en représailles à l’attaque sanglante du Hamas le même jour sur le sol israélien, risque d’influencer davantage l’avenir du Hamas que le choix de la personnalité pour succéder à Ismaïl Haniyeh qui occupait son poste depuis 2017.
Malgré l’émergence de profils considérés comme modérés, les membres du Hamas restent attachés à une approche sans concession de la lutte pour l’existence d’un État palestinien, y compris par les armes.
Après l’assassinat de son dirigeant, il serait “politiquement irrationnel” de mettre en avant que son successeur est enclin à la flexibilité vis-à-vis d’Israël, observe Tahani Mustafa de l’International Crisis Group (ICG).
“Les relations avec les pays arabes et islamiques” seront aussi prises en compte, a indiqué à l’AFP une source au sein du mouvement.
Voici quelques responsables pressentis.
Chef adjoint du bureau politique régional du Hamas à Gaza, Khalil al-Haya est réputé pour être proche de Yahya Sinouar, accusé par Israël d’être l’un des cerveaux de l’attaque du 7 octobre, et le chef du Hamas à Gaza.
En 2006, Khalil al-Haya dirigeait le bloc parlementaire du Hamas, tout juste sorti victorieux de législatives qui ont dégénéré en affrontements armés avec le mouvement Fatah du président palestinien Mahmoud Abbas.
Fervent partisan de la lutte armée, il a perdu plusieurs membres de sa famille lors d’opérations militaires israéliennes, notamment en 2007 sur sa maison du nord de la bande de Gaza.
Moussa Abou Marzouk, un haut responsable du bureau politique, est considéré comme similaire à Haniyeh dans son approche pragmatique des négociations. Il s’est par exemple exprimé en faveur d’un “cessez-le-feu de longue durée” avec Israël, et il est favorable à une acceptation des frontières palestiniennes dessinées après la guerre israélo-arabe de 1967, ce qui reste légèrement controversé au sein du mouvement.
Dans les années 1990, il résidait aux États-Unis où il a été arrêté, accusé de lever des fonds pour la branche armée du Hamas. Il a ensuite vécu en exil, notamment en Jordanie, en Égypte, et au Qatar.
Son nom a souvent circulé pour la succession de l’un ou l’autre chef du Hamas, sans succès.
Grand argentier du mouvement, il est depuis longtemps en charge des finances du Hamas. Zaher Jabareen était proche de Haniyeh et parfois même décrit comme l’un de ses bras droit.
Incarcéré dans les prisons israéliennes, il a été libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers palestiniens contre la libération de Gilad Shalit, un soldat israélien retenu en otage pendant cinq ans.
Proche de la Turquie, où il a vécu, Jabareen a notamment recruté des personnes pour des activités de blanchiment d’argent à grande échelle, dont deux ont été arrêtées en Israël en 2018. Il a aussi participé à des opérations meurtrières menées par la branche armée du Hamas.
Le nom de Khaled Mechaal circule également. Prédécesseur de Haniyeh, il vit en exil depuis 1967, en Jordanie, au Qatar, en Syrie et dans d’autres pays. Il avait été propulsé à la tête du mouvement après l’élimination par Israël du fondateur du Hamas, Ahmed Yassine, puis de son successeur dans les territoires palestiniens, Abdelaziz Al-Rantissi.
Mechaal a lui-même survécu à une tentative d’assassinat en 1997 à Amman par des agents du Mossad, le service de renseignement israélien.
Quand il vivait en Syrie, il a critiqué le régime syrien pour sa répression violente des manifestations antigouvernementales, ce qui a provoqué des frictions avec l’Iran, un allié stratégique de la Syrie et un soutien majeur du Hamas.
Élu en février 2017 à la tête du Hamas dans la bande de Gaza, Yahya Sinouar figure parmi les partisans d’une ligne dure.
Âgé de 61 ans, cet homme ascétique a passé 23 ans dans les prisons israéliennes avant d’être libéré en 2011 dans le cadre d’un échange de prisonniers.
Natif de Khan Younès, ville du sud de la bande de Gaza, il rejoint le Hamas au moment de sa création en 1987, année de la première Intifada (soulèvement). Il fondera ensuite Majd, le service de sécurité intérieure du Hamas.
Ancien commandant d’élite au sein des brigades al-Qassam et cerveau présumé de l’attaque du 7 octobre, il est recherché par Israël et placé sur la liste américaine des “terroristes internationaux”.
Sinouar entoure ses déplacements du plus grand secret. Il n’est pas apparu en public depuis le 7 octobre.