Neuf mois après le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée le 7 octobre par l’attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas contre Israël, de nouvelles discussions en vue d’une trêve doivent avoir lieu cette semaine au Qatar et en Egypte, deux des pays médiateurs avec les Etats-Unis.
Dans le nord du territoire palestinien, les chars israéliens ont pris d’assaut plusieurs quartiers de la ville de Gaza, appuyés par des frappes aériennes et des drones.
Par tous les moyens, à pied ou en charrette, des milliers d’habitants ont pris la fuite, selon des témoins et la Défense civile, jetés une nouvelle fois sur les chemins poussiéreux, sous le bourdonnement incessant des drones.
Pour la troisième fois depuis le 27 juin, l’armée a émis des appels à évacuer, désormais dans le centre de la ville. Les premières consignes d’évacuation avaient concerné le secteur de Choujaïya, dans l’est, et ses environs. Elle a annoncé avoir « débuté une opération antiterroriste » dans la ville de Gaza, notamment autour de bâtiments de l’Unrwa, l’agence de l’ONU pour les déplacés palestiniens.
« Où va-t-on ? », s’interroge un homme, Abdullah Khammash. « Ils nous disent de quitter cet endroit pour un autre, puis ils y viennent vers nous. Ca nous donne envie de nous enterrer vivants ! » « A trois heures du matin, nous sommes partis, nous avons dormi dans la rue. Maintenant nous allons retourner vivre dans les ruines », témoigne-t-il.
La Défense civile a indiqué avoir reçu des informations sur « des dizaines » de morts et de blessés, sans pouvoir atteindre les quartiers visés en raison de l’intensité des tirs. « Des dizaines de familles sont encerclées ».
A Choujaïya, « des dizaines de terroristes ont été éliminés », selon l’armée. Dans le sud du territoire, elle a indiqué avoir « éliminé plus de 30 terroristes » à Rafah et frappé des sites de lancement de roquettes à Khan Younès.
Le 7 mai, elle avait lancé une offensive terrestre sur Rafah, à la frontière égyptienne, alors présentée comme la dernière étape de la guerre contre le Hamas. Mais elle fait face depuis à une résurgence du mouvement palestinien dans des régions qu’elle avait affirmé contrôler, notamment dans le nord.
Arès des mois de négociations indirectes restées sans résultat, Israël a annoncé qu’il enverrait dans les prochains jours des négociateurs au Qatar, et le chef de la CIA, William Burns, est attendu de son côté au Caire et à Doha, selon des informations de presse et un responsable proche des négociations.
Selon le média égyptien Al-Qahera News, proche du renseignement, des délégations israélienne et américaine doivent participer au Caire à des négociations en vue d’une trêve associée à la libération des otages.
Un haut responsable du Hamas a affirmé dimanche que son mouvement n’exigeait plus un cessez-le-feu permanent avant de lancer les négociations sur une libération d’otages israéliens retenus à Gaza. En échange, les médiateurs se sont « engagés sur le fait qu’un cessez-le-feu resterait en vigueur tant que les négociations sont en cours », a-t-il ajouté.
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahu a affirmé de son côté que « tout accord permettrait à Israël de se battre jusqu’à ce que tous les objectifs de la guerre soient atteints », à savoir la destruction du Hamas et la libération de tous les otages.
« Les intentions de Netanyahu sont devenues claires. A chaque fois qu’il y a une percée en vue d’un accord, il bloque tout et intensifie l’agression contre notre peuple », a dit lundi un responsable du Hamas sous couvert d’anonymat.
Pour accentuer la pression en vue d’un accord, de nouvelles manifestations sont prévues lundi en Israël.
La guerre a éclaté le 7 octobre, quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont lancé une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de 1.195 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles.
Sur 251 personnes alors enlevées, 116 sont toujours retenues à Gaza dont 42 sont mortes, selon l’armée israélienne.
En riposte, Israël a promis de détruire le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste, de même que les Etats-Unis et l’Union européenne.
Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 38.193 morts, en majorité des civils, dont au moins 40 en 24 heures, selon le ministère de la Santé du gouvernement de Gaza, dirigé par le Hamas.
Plus de 80% de la population, selon l’ONU, est à présent déplacée dans le territoire de 2,4 millions d’habitants, assiégé par Israël, où l’eau et la nourriture manquent.
La guerre menace de s’étendre au Liban, après une intensification des tirs à la frontière entre l’armée israélienne et le Hezbollah libanais, soutenu par l’Iran et allié du Hamas.
Lundi, l’armée a indiqué avoir « éliminé » un cadre du Hezbollah dans une frappe dans le sud du Liban. Le mouvement islamiste a confirmé ce décès.