La demande mondiale devrait se stabiliser à 106 millions de barils par jour vers la fin de la décennie, tandis que la capacité d’approvisionnement globale pourrait atteindre 114 millions de barils, estime mercredi l’AIE dans son rapport annuel sur le pétrole.
Il en résulterait un excédent « stupéfiant » de 8 millions de barils par jour auquel les marchés devraient se préparer, estime l’AIE.
« Alors que le rebond de la pandémie s’essouffle, que la transition vers les énergies propres progresse et que la structure de l’économie chinoise évolue, la croissance de la demande mondiale de pétrole ralentit et devrait atteindre son maximum d’ici 2030 », a déclaré Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, cité dans un communiqué.
Dans cet environnement d‘ »excédent majeur de l’offre », « les compagnies pétrolières pourraient vouloir s’assurer que leurs stratégies et leurs plans d’entreprise sont préparés aux changements en cours », a-t-il ajouté.
Le rapport annuel de l’AIE sur les marchés pétroliers intervient quelques jours après la décision du cartel des exportateurs du pétrole et ses alliés réunis dans l’Opep+ de lever progressivement ses réductions de production d’or noir, lâchant ainsi du lest sur cette politique de raréfaction de l’offre entamée fin 2022 pour soutenir les cours.
Dans son rapport, « sur la base des politiques actuelles et des tendances du marché », l’AIE fait tout d’abord le constat que « la forte demande des économies asiatiques à croissance rapide » comme l’Inde et la Chine, « ainsi que des secteurs de l’aviation et de la pétrochimie » devraient continuer de stimuler la consommation de pétrole « dans les années à venir ».
L’agence de l’énergie de l’OCDE souligne néanmoins que « ces gains seront de plus en plus compensés » par des facteurs tels que « l’augmentation des ventes de voitures électriques, l’amélioration du rendement énergétique des véhicules conventionnels (thermiques, NDLR), la diminution de l’utilisation du pétrole pour la production d’électricité au Moyen-Orient ». Autant de données qui devraient contribuer à limiter la croissance de la demande à +4% d’ici à 2030, à 106 millions de barils par jour, contre 102 millions en 2023.
En particulier, note l’AIE, « la demande de pétrole dans les économies avancées devrait poursuivre son déclin engagé depuis des décennies, passant de près de 46 millions de barils par jour en 2023 à moins de 43 millions de barils par jour en 2030 », son niveau le plus bas depuis 1991, mis à part la période de la pandémie de Covid-19.
Dans le monde, les Etats et entreprises accélèrent les investissements dans les énergies propres pour réduire les rejets de gaz à effet de serre issus des énergies fossiles, qui réchauffent la planète.
Dans le même temps, l’AIE s’attend à ce que la production mondiale de pétrole augmente, sous l’impulsion des producteurs non membres de l’OPEP+, notamment des États-Unis. L’offre mondiale dépasserait ainsi la demande prévue dès 2025, ce qui engendrerait un excédent de 8 millions de barils vers la fin de décennie, « des niveaux jamais vus en dehors de la crise du Covid ».
« Un tel excédent de capacités de production pourrait ouvrir la voie à un environnement de prix du pétrole plus bas, soulevant des défis difficiles » pour l’industrie américaine du schiste et le bloc OPEP+ dirigé par l’Arabie saoudite et la Russie, selon le rapport.
Dans son rapport mensuel sur le pétrole, qui explore les tendances à plus court terme, l’Agence de l’énergie a revu légèrement à la baisse ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2024, qu’elle évalue désormais à 960.000 barils journaliers, après avoir déjà abaissé ses prévisions le mois dernier à +1,1 million de barils. Et pour 2025, l’AIE s’attend à ce que « les perspectives moroses du pétrole » se poursuivent, avec « une augmentation modeste de 1 million de barils par jour », en deçà de sa précédente estimation qui tablait sur une croissance de 1,2 million.