Le festival Mawazine ne serait peut-être pas ce qu’il est aujourd’hui sans les polémiques qui l’ont à chaque fois entouré. Que ce soit l’effet Jennifer Lopez, dont la tenue et la chorégraphie ont brutalement clivé l’opinion publique en 2015, ou le groupe de rock Placebo qui disait non à la discrimination contre la communauté LGBTQ+ la même année, il y a toujours eu quelque chose pour nourrir l’opinion publique.
Cette année, le festival revient après une absence de quatre ans suite à la pandémie de Covid-19 et, comme d’habitude, la polémique le suit, cette fois pour une raison hors de son contrôle et plus d’un mois avant le début des festivités : une pétition intitulée “Non aux concerts de Saad Lamjarred au Maroc”.
Contactée par TelQuel, Rania Akrache, la créatrice de la pétition, en explique les raisons, qui n’ont rien à voir avec le festival Mawazine : “J’avais vu son interview sur Hespress, il avait un discours très démagogue. Il disait que la scène marocaine lui manquait comme si c’était un choix personnel. Je voulais rappeler et insister sur le fait qu’il n’a pas encore purgé sa peine, qu’il attend encore son procès en appel pour la première affaire et qu’il a un autre procès encore.”
Pour rappel, Saad Lamjarred a été remis en liberté en avril 2023 après avoir fait appel de sa condamnation à Paris à 6 ans de prison pour viol aggravé. Dans une interview donnée à Hespress, le chanteur a exprimé vouloir revenir sur la scène du festival Mawazine.
“Nous devons envoyer un message clair : le statut de célébrité ne doit pas être une protection contre la justice”
Rania a ensuite publié la pétition sur son compte X. “Nous demandons aux autorités publiques marocaines d’intervenir et d’interdire tout concert de Saad Lamjarred jusqu’à ce que son procès soit terminé. Nous devons envoyer un message clair : le statut de célébrité ne doit pas être une protection contre la justice”, y déclare-t-elle.
Entre opposants et partisans, la polémique est vite née. Le compte Instagram du festival Mawazine s’est vu ensuite bombardé de commentaires exigeant la présence de Saad Lamjarred sur une des scènes de la capitale. Parmi les arguments les plus utilisés : l’artiste a déjà fait sa peine (or Lamjarred étant toujours en attente de son procès en appel, il n’a encore purgé aucune peine) ; il ne devrait pas subir une double peine ; nous devons soutenir les artistes marocains.
“C’est un violeur multirécidiviste. Qu’il purge l’intégralité de sa peine, ce serait déjà un bon départ. Pour le reste, c’est de la culture du viol. Il ne faut pas se mentir, il est soutenu par la majorité”, commente Rania Akrache. “Ce n’est pas pour rien que, pendant son procès, une de ses victimes, Marocaine, a accepté de donner son témoignage avant de se rétracter sous la pression.”
La pétition a jusque-là réuni moins de 300 signataires, un nombre maigre par rapport aux centaines de comptes soutenant l’artiste marocain sur les réseaux sociaux et qui souhaiteraient le voir se produire sur la scène de Mawazine.