Combats entre Israël et le Hamas aux abords du plus grand hôpital de Gaza

L’armée israélienne a lancé lundi une opération sur le plus grand hôpital de la bande de Gaza, où sont réfugiés des milliers de civils, pendant que les pays médiateurs tentent toujours de négocier une trêve dans la guerre entre Israël et le Hamas.

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Des ambulances palestiniennes à côté de l'hôpital al-Chifa, début novembre 2023. Crédit: DR

Le chef des services de renseignement israélien, le Premier ministre du Qatar et des responsables égyptiens devraient se rencontrer lundi à Doha pour parler d’un éventuel accord de trêve à Gaza, a indiqué à l’AFP une source proche des négociations.

Parallèlement aux efforts de médiation, Israël poursuit ses préparatifs en vue d’une offensive sur la ville surpeuplée de Rafah, dernier objectif de son offensive lancée le 7 octobre contre le Hamas.

Les combats qui se sont étendus jusqu’aux portes de Rafah, à l’extrême sud du territoire palestinien, font rage aussi dans le nord où l’armée a lancé lundi une opération aux abords de l’hôpital al-Chifa, dans la ville de Gaza, un vaste complexe devenu un refuge pour “des dizaines de milliers” de déplacés, selon le Hamas.

Cette opération “repose sur des informations indiquant l’utilisation de l’hôpital par des terroristes hauts gradés” du mouvement islamiste palestinien, a indiqué l’armée qui a demandé à la population d’évacuer “immédiatement” le secteur.

Des combats ont commencé peu avant l’aube autour et dans l’enceinte de l’hôpital al-Chifa, que l’armée avait pris d’assaut le 15 novembre avant de s’en retirer.

Pour votre sécurité, vous devez immédiatement évacuer la zone vers l’ouest” et prendre la route longeant la côte “vers le sud jusqu’à la zone humanitaire d’al-Mawasi”, située dans le sud de la bande de Gaza, à près de 30 kilomètres, a écrit un porte-parole de l’armée en arabe. Des tracts avec ce même message ont été largués sur la zone.

Dans le territoire assiégé et au bord de la famine, les hôpitaux sont souvent pris pour cible par l’armée qui accuse le Hamas de s’en servir comme installations militaires et d’utiliser les civils comme des boucliers humains.

Des témoins ont confirmé à l’AFP “des opérations aériennes” sur le quartier d’al-Rimal où se trouve l’hôpital. Selon des habitants, “plus de 45 chars et véhicules blindés de transport de troupes israéliens” sont entrés dans al-Rimal. “Les soldats ont identifié des terroristes leur tirant dessus depuis plusieurs bâtiments de l’hôpital. Les soldats ont répliqué et en ont touché plusieurs”, a affirmé l’armée.

L’hôpital ne fonctionne plus qu’a minima et avec une équipe réduite. Moins d’un tiers des hôpitaux de Gaza sont à présent opérationnels, et ce partiellement, d’après l’ONU.

“Aucune pression internationale ne nous empêchera d’atteindre tous les objectifs de notre guerre”

Benjamin Netanyahu

Dans le sud du territoire, la ville de Rafah qui abrite près d’un million et demi de Palestiniens, selon l’ONU, piégés contre la frontière fermée avec l’Égypte, vit toujours sous la menace d’une offensive terrestre israélienne.

Aucune pression internationale ne nous empêchera d’atteindre tous les objectifs de notre guerre (…). Nous agirons à Rafah, cela prendra quelques semaines mais cela aura lieu”, a répété dimanche le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, en dépit des multiples avertissements de la communauté internationale. Netanyahu a assuré qu’une telle opération ne se ferait pas “en laissant la population enfermée sur place”.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent menée par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources officielles israéliennes.

Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours otages à Gaza, dont 33 seraient mortes. En représailles, Israël a promis d’anéantir le mouvement islamiste, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les États-Unis et l’Union européenne.

Son armée a lancé une campagne aérienne massive, suivie le 27 octobre d’une offensive terrestre qui a permis à ses soldats d’avancer du nord au sud du petit territoire côtier. Les opérations militaires israéliennes ont fait jusqu’à présent 31.726 morts à Gaza, en majorité des civils, dont 81 en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

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Face à l’intransigeance des deux camps, les trois pays médiateurs — États-Unis, Qatar, Égypte — ne sont toujours pas parvenus à imposer un cessez-le-feu.

Le Hamas s’est dit prêt vendredi à une trêve de six semaines, pendant laquelle 42 otages — femmes, enfants, personnes âgées et malades — seraient libérés en échange de 20 à 50 prisonniers palestiniens. Il réclame aussi “le retrait de l’armée des villes et zones peuplées”, le “retour des déplacés” et l’entrée de 500 camions d’aide par jour à Gaza, selon un de ses cadres. Netanyahu a indiqué qu’il n’accepterait pas un accord “qui rend Israël faible et incapable de se défendre”.

Israël a imposé un siège total à la bande de Gaza depuis le début de la guerre et contrôle l’entrée de l’aide humanitaire. Cette aide arrive principalement depuis l’Égypte via Rafah, mais reste très insuffisante face aux besoins immenses des 2,4 millions d’habitants du territoire et parvient très difficilement jusque dans le nord, où vivent actuellement plus de 300.000 personnes selon l’ONU.

L’ONG Oxfam a affirmé lundi qu’Israël empêchait “délibérément” l’entrée de l’aide, en violation du droit humanitaire international, et dénoncé des protocoles d’inspection d’une “inefficacité injustifiable” ainsi que des “attaques contre des personnels humanitaires, des structures d’aide et des convois humanitaires”.

Face à l’urgence humanitaire, plusieurs pays ont mis en place des parachutages et un couloir maritime depuis Chypre, mais tous soulignent que ces voies d’approvisionnement ne peuvent se substituer aux routes terrestres.