Dans de nombreux pays, y compris en Europe et en Amérique du Nord, je suis préoccupé par l’influence apparemment croissante des théories du complot dites du grand remplacement”, a déclaré Volker Türk devant le Conseil des droits de l’Homme à l’occasion de son traditionnel discours dans lequel il dresse un état des lieux des droits humains.
Ces théories complotistes sont “fondées sur l’idée fausse selon laquelle les juifs, les musulmans, les personnes non blanches et les migrants cherchent à ‘remplacer’ ou supprimer les cultures et les peuples des pays”, a-t-il souligné. Et d’accuser : “Ces idées délirantes et profondément racistes ont directement influencé de nombreux auteurs de violence.”
Cette thèse a été introduite en 2010 par l’écrivain français Renaud Camus, qui affirmait que les Français “de souche” étaient remplacés par des peuples non européens avec la complicité “des élites”. Elle est réfutée par l’essentiel des scientifiques, mais connaît un grand succès dans les milieux d’extrême droite en France et ailleurs dans le monde.
Ainsi, l’auteur de l’attentat contre des mosquées de Christchurch en Nouvelle-Zélande en mars 2019, qui avait fait 51 morts, avait invoqué cette théorie dans le manifeste justifiant son passage à l’acte.
Dans son discours, Volker Türk a aussi dénoncé “la guerre anti-woke” qui serait, à ses yeux, “avant tout une guerre menée contre l’inclusion”. “Ces idées visent à exclure les minorités raciales — en particulier les femmes issues de minorités raciales — et les personnes LGBTQ+ de la pleine égalité”, a-t-il souligné, estimant que “le multiculturalisme n’est pas une menace : (…) il nous est profondément bénéfique à tous”.
Il s’est inquiété notamment “d’une escalade des attaques contre les personnes LGBTQ+ et leurs droits” dans de nombreux pays.
Aux États-Unis, où se tiendra une élection présidentielle en novembre aux enjeux mondiaux, Volker Türk appelle à s’assurer que le vote de chaque citoyen compte de la même manière et dénonce les obstacles freinant la participation au scrutin des personnes d’ascendance africaine.
Il appelle aussi nombre de pays européens à faire plus pour combattre les violences policières et la discrimination, notamment envers les Noirs. “Les données non gouvernementales provenant des États-Unis et du Brésil continuent de faire état de niveaux disproportionnés de décès de personnes d’ascendance africaine dans le contexte des interventions policières”, souligne-t-il.