La décision fait suite à de récents actes hostiles perpétrés par le gouvernement algérien, notamment l’accueil de l’opposant malien l’Imam Mahmoud Dicko, dimanche dernier lors de l’inauguration de la grande mosquée d’Alger, par Abdelmadjid Tebboune. La rencontre a suscité une vive réaction à Bamako, entraînant la privation du passeport diplomatique de Dicko tout en préservant sa liberté de mouvement.
Cette rencontre entre Tebboune et Dicko est aujourd’hui vue comme l’origine du discours virulent du Premier ministre malien devant des représentants politiques et membres de la société civile. Choguel Kokalla Maïga a ainsi déclaré, lors de cette prise de parole, la fin de l’Accord d’Alger, pointant le manque de résultats de la médiation internationale menée par l’Algérie.
Le chef du gouvernement malien a alors rappelé les tensions diplomatiques récentes avec l’Algérie, attribuées à des actes hostiles, citant notamment à titre d’exemple l’accueil par Alger des rebelles touaregs du nord du Mali.
Choguel Maïga a également accusé le régime algérien de manœuvres malsaines lors du dernier sommet du Mouvement des non-alignés à Kampala, où l’Algérie a discrètement soutenu le maintien des sanctions onusiennes contre le Mali. Il a toutefois souligné que c’est grâce au veto de la Russie, qu’il qualifie alors de “partenaire stratégique”, que le renouvellement de ces sanctions par l’ONU a été empêché.
Le Premier ministre malien a déclaré que “l’Algérie est sortie de son rôle de médiateur”, tout en l’accusant d’ingérence, en citant le fait que le pays s’immisce dans les affaires intérieures maliennes et viole la souveraineté du pays. Il a ensuite affirmé que cette position serait rappelée aussi longtemps que nécessaire par les autorités maliennes.
Le discours de Choguel Maïga a précédé la supervision par le chef d’État-major de l’armée algérienne, le général Saïd Chengriha, d’exercices militaires à la frontière avec le Mali. Ces manœuvres, baptisées “Tempête du Hoggar 2024”, comprennent des opérations de débarquement aérien et de parachutage utilisant l’arsenal complet de l’armée algérienne.
Cette démonstration de force a été interprétée comme un avertissement au Mali, voire comme une réponse à son partenariat militaire avec la Russie. Les tensions entre les deux pays atteignent ainsi un niveau critique, soulevant de nombreuses inquiétudes quant à l’avenir de la médiation inter-malienne.