Le Maroc s’illustre aujourd’hui, discrètement, avec 13 filières de valorisation des déchets, traitant une quantité totale de près de 26 millions de tonnes annuelles. Une ressource substantielle qui émane des foyers, contribuant à hauteur de 7 millions de tonnes chaque année. Le papier et le carton ne sont pas en reste, avec une collecte annuelle avoisinant les 600.000 tonnes, selon les données rapportées par le magazine Finances News Hebdo. Des chiffres qui mettent en lumière une opportunité significative pour les industries à travers la collecte, le tri, et le recyclage de ces déchets.
Selon une étude mandatée par le ministère de l’Industrie sur l’écosystème vert, le secteur de la valorisation des déchets pourrait créer jusqu’à 60.000 emplois d’ici 2030. L’objectif est ambitieux : transformer 65 % des déchets en ressources, ce qui générerait des retombées financières estimées à 12,2 milliards de dirhams, avec une valeur ajoutée de 3,7 milliards de dirhams.
L’importance de cette démarche est indéniable. En substituant ces déchets à des matières premières importées, le Maroc renforcerait sa souveraineté industrielle, réduisant par la même occasion les dépenses en devises étrangères. Mounir Elbari, président de la Coalition pour la valorisation des déchets (Covad), affirme que le recyclage des déchets contribue également à réduire les émissions de gaz à effet de serre, tout en préservant les ressources naturelles.
En valorisant les déchets comme sources d’énergie ou comme des matières premières alternatives, les entreprises marocaines peuvent diminuer leur dépendance aux combustibles fossiles et aux matières premières vierges, apportant ainsi une contribution significative à l’atténuation de leur impact environnemental global.
Parmi les exemples de réussite, on compte les cimenteries qui récupèrent les déchets industriels et ménagers pour les utiliser comme combustibles, remplaçant ainsi le pétrole ou le charbon dans le processus de production du ciment.
Le secteur de la valorisation des déchets au Maroc fait cependant face à de nombreux défis, notamment l’accès aux gisements des déchets en raison de l’absence de tri à la source, ce qui entraîne une forte contamination et humidification des matériaux, avec une grande partie des matières récupérables alimentant une économie informelle.
Le président de la Covad a alors souligné qu’il est impératif d’instaurer le tri à la source et d’améliorer les conditions de collecte sur l’ensemble du territoire afin de stimuler véritablement ce secteur et atteindre un taux de valorisation global de 60 %, contre les 15 % actuels. Cela nécessite une révision du modèle économique de la collecte des déchets, faisant de ces actions une priorité incontournable.