Israël promet une opération “puissante” à Rafah, malgré les pressions internationales

De nouvelles frappes israéliennes meurtrières ont visé jeudi le sud de la bande de Gaza, où Israël a promis de mener une “puissante” opération terrestre dans la ville surpeuplée de Rafah malgré les pressions internationales qui se multiplient.

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Les populations forcées de fuir à nouveau, de Rafah vers le centre de la bande de Gaza, le 14 février 2024. Crédit: UNRWA / X

Après plus de quatre mois de guerre contre le Hamas à travers le territoire palestinien assiégé, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, veut maintenant détruire le « dernier bastion » du mouvement islamiste à Rafah, devenue l’ultime refuge pour des centaines de milliers de civils qui ont fui les combats.

Pendant que les pays médiateurs poursuivent au Caire leurs négociations pour tenter d’obtenir une trêve ainsi que la libération d’otages détenus à Gaza, les appels se multiplient à travers le monde face aux conséquences potentiellement dévastatrices d’une telle opération.

Après notamment l’ONU et les Etats-Unis, principal allié d’Israël qui réclame des « garanties » pour la sécurité des civils, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande ont mis en garde jeudi Israël contre une opération « catastrophique » à Rafah.

« Il n’y a tout simplement nulle part où aller » pour les civils bloqués contre la frontière fermée avec l’Egypte, soulignent ces trois pays, exhortant Benjamin Netanyahu à « ne pas s’engager dans cette voie ».

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« Nous combattrons jusqu’à la victoire complète, ce qui implique une action puissante à Rafah et ce, après avoir permis à la population civile de quitter les zones de combat », avait déclaré mercredi le Premier ministre.

Environ 1,4 million de personnes, selon l’ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, dont beaucoup déplacées à plusieurs reprises, s’entassent à présent à Rafah, transformée en un gigantesque campement, dans l’angoisse de l’offensive annoncée.

Rafah est en outre le principal point d’entrée de l’aide humanitaire depuis l’Egypte, contrôlée par Israël et insuffisante pour répondre aux besoins d’une population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies.

Jeudi, de nouveaux bombardements ont visé Khan Younès, une grande ville à quelques kilomètres au nord de Rafah, transformée en champ de ruines, devenue le coeur de l’offensive israélienne.

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé un bilan de 107 morts à travers le territoire, ajoutant que des bombardements sur l’hôpital Nasser de Khan Younès avaient fait un mort et plusieurs blessés.

Des milliers de déplacés sont réfugiés dans l’enceinte de cet hôpital assiégé par les chars israéliens, où les médecins décrivent une situation désespérée.

« Mon mari et mon fils Mohammad sont partis mercredi avec des milliers de personnes mais je ne sais pas ce qu’ils sont devenus, nous avons perdu le contact », a raconté à l’AFP une déplacée à l’hôpital Nasser, Jamila Zidane.

« Nous avons peur », confie cette femme de 43 ans, restée dans l’hôpital avec ses six filles. « Depuis plusieurs jours, nous n’avons plus de nourriture et nous buvons de l’eau souillée ».

L’armée a annoncé jeudi « poursuivre ses raids ciblés » à Khan Younès. L’aviation israélienne a mené « une série de frappes » en appui aux troupes au sol à travers le territoire, qui ont atteint « des installations souterraines, des base militaires et des postes de tir du Hamas », a ajouté l’armée.

La guerre a été déclenchée par l’attaque menée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza dans le sud d’Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu’il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l’Union européenne. L’armée a lancé une offensive qui a fait 28.576 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La guerre a aussi ravivé les tensions à la frontière nord d’Israël avec le Liban.

Mercredi, Israël a lancé des frappes dans le sud du Liban qui ont fait au moins dix morts, selon des sources libanaises, en représailles à des tirs de roquette qui ont tué une soldate dans une base militaire du nord d’Israël, faisant de nouveau craindre une escalade régionale.

Le chef d’état-major israélien, Herzi Halevi, en visite dans le nord du pays, a menacé mercredi d’une « campagne très offensive » au Liban, après quatre mois d’échanges de tirs entre l’armée israélienne et le Hezbollah chiite libanais, allié du Hamas et soutenu par l’Iran.

Les négociations en vue d’une trêve incluant de nouvelles libérations d’otages du Hamas et de Palestiniens détenus par Israël se poursuivent pendant ce temps au Caire, par l’intermédiaire du Qatar et de l’Egypte.

Après une réunion mardi entre le chef du Mossad, les services secrets israéliens, David Barnea, le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens, ces tractations doivent durer jusqu’à vendredi.

Benjamin Netanyahu a évoqué mercredi « des exigences délirantes du Hamas » qui bloqueraient les négociations, sans autre précision.

Selon Israël, 130 otages sont encore détenus à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d’une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a réitéré jeudi « son extrême inquiétude pour la vie et le bien-être des otages retenus à Gaza depuis plus de quatre mois ».