À Marrakech, Edgar Morin dénonce le silence des États face à la tragédie palestinienne

Invité d’honneur de la 2e édition du Festival du livre africain de Marrakech (FLAM) qui s’est achevée dimanche, le philosophe et sociologue français Edgar Morin a évoqué la “tragédie horrible” en cours à Gaza, dénonçant le “silence des mondes”.

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Souleimane Bachir Diagne, Edgar Morin, Younes Ajarrai et Ali Benmakhlouf au Festival du livre africain de Marrakech, samedi 10 février 2024. Crédit: FLAM / Facebook

Je suis indigné par le fait que ceux qui représentent les descendants d’un peuple qui a été persécuté pendant des siècles pour des raisons religieuses ou raciales, qui sont aujourd’hui les décideurs de l’État d’Israël, puissent non seulement coloniser tout un peuple, le chasser en partie de sa terre et vouloir l’en chasser pour de bon, mais qui en plus, après le massacre du 7 octobre, se sont livrés à un véritable carnage, massif, sur les populations de Gaza et continuent, sans arrêt”, a déploré Edgar Morin lors de sa conférence tenue le samedi 10 février au Centre culturel Les Étoiles de Jemaâ El Fna abritant cette 2e édition du FLAM.

Le philosophe et sociologue de 102 ans a poursuivi en dénonçant “le silence du monde, le silence des États-Unis, protecteurs d’Israël, le silence des États arabes, le silence des États européens qui se prétendent défenseurs de la culture, de l’humanité, des droits de l’Homme”.

“Le courage de regarder les choses en face”

Et d’appeler à continuer de témoigner, “la seule chose qui reste” face au silence et au sentiment d’impuissance : “Nous vivons une tragédie horrible parce que nous sommes aussi impuissants devant cette chose qui se déchaîne. La seule chose qui reste si on ne peut pas résister de façon concrète, c’est de témoigner. Résistons dans nos esprits, ne nous laissons pas duper, ayons le courage de regarder les choses en face et voyons tout ce que nous pouvons faire pour continuer à témoigner.

L’intellectuel français a par ailleurs salué la politique d’ouverture adoptée par le Royaume du Maroc envers le continent africain à tous les niveaux. Il a souligné les initiatives politiques et économiques du pays, allant de pair avec le projet du FLAM qui s’inscrit dans une démarche de rayonnement culturel à l’échelle du continent. Edgar Morin s’est enfin réjoui de sa présence à Marrakech, lançant un “Vive l’Afrique, vive le Maroc” retentissant dans la cour du centre Les Étoiles de Jemaâ El Fna.

Lancé par le romancier et artiste-peintre Mahi Binebine et l’entrepreneur culturel Younès Ajarraï en 2023, le FLAM a tenu sa 2e édition du 8 au 11 février 2024. Après le succès de ce rendez-vous littéraire l’an passé, le festival a renouvelé son engagement visant à mettre en avant la culture africaine à travers des rencontres, des lectures, des concerts et de la poésie. La programmation 2024 a accordé une place particulière au travail de mémoire collective africaine, réunissant des intervenants prestigieux du continent de sa diaspora.

 

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