Blinken au Moyen-Orient pour prôner une aide accrue à Gaza et éviter l’embrasement

Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken s’est embarqué jeudi soir pour sa quatrième tournée au Moyen-Orient depuis le début du conflit entre Israël et le Hamas palestinien, où il entend plaider pour une aide accrue pour Gaza et des moyens d’éviter l’embrasement dans un contexte régional à cran.

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Antony Blinken prend la parole lors de son audience de confirmation au poste de secrétaire d'État devant la commission des relations étrangères du Sénat, au Capitole à Washington, le 19 janvier 2021. Crédit: Graeme Jennings / POOL / AFP

Blinken s’attend à des discussions difficiles lors de cette nouvelle tournée qui l’amènera, outre en Israël en début de semaine prochaine, dans cinq pays arabes — Jordanie, Qatar, Émirats, Arabie saoudite et Égypte —, ainsi qu’en Cisjordanie, siège de l’Autorité palestinienne, a indiqué à la presse son porte-parole Matthew Miller.

Blinken s’est envolé de Washington jeudi soir à destination de la Turquie, première étape de cette tournée prévue pour durer jusqu’au 10 janvier. Le secrétaire d’État américain discutera des “mesures immédiates visant à accroître considérablement l’aide humanitaire à Gaza”, où la situation humanitaire est décrite par l’ONU et les ONG comme “catastrophique”.

“Nous ne nous attendons pas à ce que toutes les conversations de ce voyage soient faciles. Il est évident que la région est confrontée à des problèmes difficiles et que des choix difficiles s’imposent”, a affirmé Miller. “Mais le secrétaire d’État estime qu’il est de la responsabilité des États-Unis de mener des efforts diplomatiques pour s’attaquer de front à ces défis”, a-t-il ajouté.

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La position américaine est délicate : les États-Unis sont le premier soutien militaire d’Israël, mais ils rejettent un cessez-le-feu réclamé avec force par les pays arabes notamment. Washington n’est pas opposé en revanche à des pauses humanitaires comme celle qui a eu lieu en novembre permettant la libération d’otages retenus par le Hamas.

En dépêchant une nouvelle fois le secrétaire d’État américain dans la région — ce sera son cinquième déplacement officiel en Israël depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre —, les États-Unis entendent ainsi maintenir la pression sur les autorités israéliennes.

Malgré une marge de manœuvre limitée, les responsables de l’administration américaine répètent que les pressions exercées en coulisses sur Israël portent leurs fruits, mais ils ne cachent pas leur frustration avec le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu et sa conduite de la guerre.

En riposte à l’attaque du 7 octobre, Israël a lancé une vaste campagne militaire, pilonnant sans relâche la bande de Gaza du nord au sud. Selon le Hamas, celle-ci a fait plus de 22.000 morts côté palestinien.

Les États-Unis dénoncent aussi les positions extrêmes de ministres israéliens appelant au retour de colons juifs à Gaza, après la guerre en cours, et visant à “encourager” la population palestinienne à émigrer.

Craintes d’escalade

Les craintes de voir la guerre embraser tout le Moyen-Orient se sont encore accrues depuis une frappe mardi fatale au numéro 2 du Hamas, Saleh al-Arouri, dans la banlieue sud de Beyrouth, et une double explosion qui a fait 84 morts mercredi en Iran, revendiquée jeudi par le groupe État islamique.

La communauté internationale s’inquiète aussi de la multiplication des attaques de navires marchands par les Houthis du Yémen en mer Rouge, exhortant ces derniers à cesser “immédiatement leurs attaques illégales”, faute de quoi ces rebelles, proches de l’Iran, en assumeront les “conséquences”.

Blinken s’en est d’ailleurs entretenu mercredi avec son homologue française Catherine Colonna, les deux responsables discutant de mesures visant à “éviter l’escalade au Liban et en Iran”, a fait savoir jeudi le département d’État américain.

Les deux ministres ont échangé au téléphone de “l’importance de mesures visant à prévenir que le conflit à Gaza ne s’étende, dont des mesures visant à faire baisser la tension en Cisjordanie et à éviter l’escalade au Liban et en Iran”, selon un communiqué.

En Turquie, la situation à Gaza tout comme l’adhésion de la Suède à l’OTAN, seront au centre des entretiens de Blinken. Depuis le début du conflit, le chef de l’État turc, allié traditionnel de la cause palestinienne, a multiplié les invectives à l’égard d’Israël, dénonçant aussi le soutien des États-Unis au gouvernement israélien. Il sera aussi question de faire à nouveau pression sur Ankara pour qu’elle ratifie l’adhésion de la Suède à l’OTAN.

La Turquie, qui conditionne son feu vert à la livraison d’avions de combat américains F-16, jusqu’ici bloquée par le Congrès, est le dernier membre de l’Alliance atlantique avec la Hongrie à barrer la route à la Suède.

Diplomatie oblige, Blinken fera aussi une brève escale samedi en Grèce, qui s’inquiète de cette vente d’avions de combat à Ankara, son adversaire historique.