L’étude Pisa, publiée tous les trois ans — mais repoussée cette fois d’un an en raison de l’épidémie de Covid-19 —, est devenue une référence mondiale, très scrutée par les gouvernements.
Elle sonde depuis 2000 les performances des systèmes éducatifs, à travers les compétences en sciences, mathématiques et compréhension de l’écrit, des élèves de 15 ans. À chaque fois, un de ces trois domaines est plus amplement développé, les mathématiques cette fois-ci. Les exercices ont été soumis en 2022 à 690.000 jeunes de 81 pays et territoires.
Comme pour la précédente édition, où quatre métropoles et provinces chinoises (Pékin, Shanghaï, Jiangsu, Zhejiang, qui n’ont pas pu participer cette fois) étaient arrivées en tête, plusieurs pays asiatiques figurent parmi les meilleurs élèves en mathématiques, sciences et lecture.
Singapour caracole largement en tête dans ces trois matières, comme en 2016. Il est suivi par Macao, Taïwan, Hong Kong, le Japon et la Corée du Sud en maths. “On continue d’avoir des pays d’Asie, et notamment sur les mathématiques, qui trustent vraiment les premières performances”, souligne Eric Charbonnier, spécialiste de l’éducation à l’OCDE.
Mais le principal fait marquant de cette édition 2022 est ailleurs : il réside dans “une baisse inédite de performance” des élèves, souligne Irène Hu, spécialiste éducation de l’OCDE.
“En mathématiques, la moyenne des pays de l’OCDE a baissé de 15 points par rapport à 2018, alors que la différence entre chaque cycle n’avait jamais dépassé les quatre points auparavant. En compréhension de l’écrit, la baisse est de 10 points dans la moyenne de l’OCDE”, et les résultats en sciences sont restés stables, détaille-t-elle.
Cela correspond à peu près à la moitié d’une année d’apprentissage de la lecture et trois-quarts d’une année en maths, estime l’OCDE, pour qui 20 points équivalent à une année de scolarité.
En cause notamment pour expliquer cette “chute dramatique” des performances : la crise de la pandémie de Covid, qui “bien sûr a un impact sur ce que l’on observe” et a été “un accélérateur de baisse de performances”, indique Eric Charbonnier.
Mais, tempère l’expert, “il ne faut pas tout faire porter au Covid non plus”, car “il y avait déjà une tendance à la baisse depuis une dizaine d’années” globalement, et “on n’a pas vu de lien direct entre les fermetures d’écoles et la performance”.
La France, elle, se situe dans la moyenne des pays de l’OCDE, “à un niveau comparable à celui de l’Espagne, la Hongrie et la Lituanie dans les trois matières”, relève Irène Hu. Elle est classée 22e en maths, 24e en compréhension de l’écrit et 22e en sciences parmi les 38 pays de l’OCDE.
Mais ses résultats sont “parmi les plus bas jamais mesurés” par l’OCDE. En mathématiques, elle connaît entre 2018 et 2022 “une baisse historique du niveau des élèves”, souligne Eric Charbonnier.
D’autres pays européens, comme l’Allemagne — qui avait pourtant opéré depuis 2000 un redressement spectaculaire, dit “choc Pisa” —, la Finlande, où les inégalités entre filles et garçons se creusent, ou encore la Norvège, connaissent des baisses plus importantes que la France en mathématiques.
En revanche, en Europe, l’Estonie, la Suisse, l’Irlande, l’Autriche, le Royaume-Uni, la République tchèque, la Suède et le Danemark tirent leur épingle du jeu en se situant au-dessus de la moyenne de l’OCDE, tout comme le Canada.
“Cette chute de la performance n’est pas non plus une fatalité mondiale, puisque certains pays ont réussi à la limiter”, voire à “maintenir” cette performance, “comme en Suisse ou en Corée, ou à l’augmenter comme au Japon”, analyse Irène Hu.
Outre le Covid, d’autres facteurs sont avancés par l’OCDE pour expliquer la baisse générale des résultats : la crise d’attractivité du métier d’enseignant, qui touche de plus en plus de pays et affecte la qualité de l’enseignement, le manque de soutien aux enseignants et élèves ou de coopération dans les établissements, ou encore l’implication des parents dans la scolarité, qui a baissé par rapport à 2018.