Non au “tropisme algérien”, oui à la reconnaissance du Sahara. Pour Nicolas Sarkozy, qui s’est montré dans son dernier livre fortement attaché au Maroc, pays dont il a fait l’éloge à plusieurs reprises, la politique d’Emmanuel Macron au Maghreb n’est pas forcément la bonne voie à emprunter.
Ces reproches, Sarkozy en donnait déjà un avant-goût dans une interview accordée la semaine dernière au média français Le Figaro, auquel il expliquait que l’amitié franco-algérienne sera toujours refusée du côté d’Alger. Pour l’homme d’État français, le “tropisme” algérien de la diplomatie d’Emmanuel Macron ne faisait que l’éloigner du Maroc, exposant ainsi Paris au risque “de tout perdre” au Maghreb.
“Le président Macron n’a pas toujours su trouver les mots ou les gestes que les Marocains attendaient”
Un propos réitéré par l’ancien locataire de l’Élysée dans son dernier ouvrage : “Le président Macron n’a pas toujours su trouver les mots ou les gestes que les Marocains attendaient. Son tropisme algérien lui procurera bien des déceptions”, a affirmé Nicolas Sarkozy, précisant que ce même tropisme représente “sans doute un point de désaccord qui existe entre nous”.
“Je ne crois pas qu’il nous faille multiplier les initiatives auprès des dirigeants algériens dont la représentativité à l’intérieur de leur pays est aussi faible que la popularité. Plus nous essaierons de bâtir une amitié ‘artificielle’, plus ils la refuseront”, a alors insisté Nicolas Sarkozy, pour qui l’échec de cette stratégie est entre autres lié au fonctionnement de la politique chez nos voisins de l’est.
“À ce jeu-là, nous risquons de tout perdre. Nous ne gagnerons pas la confiance de l’Algérie et perdrons celle du Maroc. C’est un pari dangereux, de surcroît condamné d’avance”
Pour l’ancien président, qui se présente comme un allié de Rabat, les décideurs algériens “ont besoin d’un adversaire pour détourner l’attention de leur peuple de l’échec patent dans lequel ils ont plongé ce pays magnifique”. Et la France, “dont le passé colonial fait une cible facile”, ne peut qu’adopter cette position, “comme si cette dernière pouvait être responsable des échecs de l’Algérie tout au long de ces six dernières décennies”, ironise-t-il.
L’issue est alors claire pour Nicolas Sarkozy : “À ce jeu-là, nous risquons de tout perdre. Nous ne gagnerons pas la confiance de l’Algérie et perdrons celle du Maroc. C’est un pari dangereux, de surcroît condamné d’avance.”
En ce qui concerne les relations franco-marocaines, “la lente dégradation” constatée “depuis une dizaine d’années”, s’explique selon l’ancien président par “l’entêtement” de ses “deux successeurs à vouloir à tout prix surjouer et surinvestir la relation avec l’Algérie”.
De l’Algérie au Sahara
Nicolas Sarkozy est ensuite passé de l’Algérie à l’un des sujets qui font le plus débat au Maghreb : la reconnaissance de la marocanité du Sahara. Pour lui, la France n’a pas “les moyens de prétendre être proche de tous les pays du monde”.
“S’il est un domaine de la diplomatie française qui mériterait d’être revisité et amodié, c’est celui de notre engagement auprès de nos frères marocains”
Dans ce sens, “une diplomatie efficiente impose de faire des choix”. Ainsi, Sarkozy affirme que “la France devrait prendre clairement position en faveur de la marocanité du Sahara occidental”. Une telle décision permettrait notamment “d’éviter une République sahraouie dont la solidité et la pérennité laissent tous les observateurs informés plus que perplexes”, poursuit-il avant d’indiquer que “s’il est un domaine de la diplomatie française qui mériterait d’être revisité et amodié, c’est celui de notre engagement auprès de nos frères marocains”.
En somme, “savoir choisir ses amis”, “ne pas craindre d’encourir le courroux de ceux qui le sont moins” et “s’inscrire dans une perspective longue” en s’appuyant sur l’histoire commune “devraient être les boussoles du président de la République”, conclut Nicolas Sarkozy, de façon professorale, au sujet des décisions diplomatiques françaises au Maghreb.