Si l’intelligence artificielle devenait principalement une arme pour lancer des cyberattaques, générer des deepfakes, ou pour diffuser de la désinformation et des discours de haine, cela aurait des conséquences très graves pour la paix et la sécurité mondiales”, a averti Guterres lors d’une réunion de l’instance exécutive de l’ONU consacrée à l’IA.
Il a, à ce propos, exhorté le Conseil à aborder cette technologie “avec un sentiment d’urgence, une vision globale et un état d’esprit d’apprenant”.
Pour de nouvelles règles internationales
“Soyons clairs : l’utilisation malveillante de systèmes d’IA à des fins terroristes, criminelles ou étatiques pourrait causer des niveaux horribles de morts et de destructions, des traumatismes généralisés et des dommages psychologiques profonds à une échelle inimaginable”, a-t-il indiqué, notant que des outils et des plateformes conçus pour renforcer les liens humains sont désormais utilisés pour saper les élections, diffuser des théories du complot et inciter à la haine et à la violence.
Le secrétaire général de l’ONU a fait observer que les dysfonctionnements des systèmes d’IA sont un “autre sujet de préoccupation majeur”, relevant que l’interaction entre l’IA et les armes nucléaires, la biotechnologie, la neurotechnologie et la robotique est “très alarmante”.
Guterres a néanmoins mis en exergue l’utilisation de l’IA au service de la paix et de la sécurité, notamment par les Nations unies, y compris pour identifier les schémas de violence ou surveiller les cessez-le-feu, “contribuant ainsi à renforcer nos efforts en matière de maintien de la paix, de médiation et d’aide humanitaire”.
Évoquant le débat sur la gouvernance de l’IA, le responsable onusien a souligné la nécessité d’une approche universelle, citant des expériences passées similaires sous l’égide de l’ONU. “La communauté internationale a une longue histoire de réponses aux nouvelles technologies susceptibles de déstabiliser nos sociétés et nos économies. Nous avons joint nos efforts au sein de l’ONU pour établir de nouvelles règles internationales, signer de nouveaux traités et créer de nouveaux organismes mondiaux”, a-t-il signalé devant les Quinze.
Il s’est par ailleurs félicité des appels lancés par des États membres en faveur de la création d’une nouvelle entité des Nations unies pour soutenir les efforts collectifs visant à régir cette technologie extraordinaire, en s’inspirant de modèles tels que l’Agence internationale de l’énergie atomique, l’Organisation de l’aviation civile internationale ou le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat.
Selon lui, une nouvelle entité des Nations unies “rassemblerait l’expertise et la mettrait à la disposition de la communauté internationale et pourrait également soutenir la collaboration en matière de recherche et de développement d’outils d’intelligence artificielle afin d’accélérer le développement durable”.
Il a en outre appelé le Conseil de sécurité, qui est responsable de la paix et de la sécurité internationales, à “faire preuve de leadership en matière d’IA” et à montrer la voie vers des mesures communes en matière de transparence, de responsabilité et de contrôle.
“Nous devons travailler ensemble pour que l’IA comble les fossés sociaux, numériques et économiques, et non pour qu’elle nous éloigne les uns des autres. Je vous invite à unir vos forces et à instaurer la confiance pour la paix et la sécurité« , a conclu Guterres.
La réunion sur l’intelligence artificielle a été convoquée par le Royaume-Uni, qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité pour le mois de juillet. Il s’agit de la première réunion de l’organe de l’ONU chargé de la paix et la sécurité dans le monde sur les menaces potentielles de l’intelligence artificielle pour la paix et la sécurité internationales.