À Gaza, des vies en miettes après les derniers affrontements avec Israël

Najwa Abou Aïcha se tenait sur son toit, dans la ville de Gaza, lorsqu’elle a été surprise par les échanges de tirs entre mouvements armés palestiniens et Israël, la semaine dernière. Des éclats d’obus se sont enfoncés dans sa moelle épinière, la rendant handicapée à vie.

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Sur cette photo prise le 17 mai 2023, Mohammed Sarsour regarde par l'une des fenêtres de son appartement endommagé à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, quelques jours après avoir été touché par une frappe aérienne israélienne. Crédit: Saïd Khatib / AFP

Je vérifiais l’état des bidons d’eau lorsque j’ai soudainement entendu une explosion et le baril m’est tombé dessus”, raconte Najwa Abou Aïcha, 48 ans, alitée dans un hôpital de Gaza. “J’ai chuté sur la maison du voisin et je n’ai plus rien senti”.

Employée dans une crèche, cette Palestinienne fait partie des 190 personnes blessées à Gaza en cinq jours d’affrontements meurtriers entre l’armée israélienne et des groupes armés dans la bande de Gaza du 9 au 13 mai, selon les chiffres du gouvernement local, dirigé par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Najwa Abou Aïcha ne sait pas si l’explosion qui l’a touchée était le fait d’une roquette palestinienne ou d’un missile israélien. Sa famille a indiqué à l’AFP que le domicile familial se situait près d’une base du Jihad islamique. “Je suis à moitié paralysée, je ne supporte aucun mouvement dans mon corps” à cause de la douleur, souffle-t-elle.

D’après son médecin, Moatassem Al-Nono, la moelle épinière est si sévèrement touchée qu’il n’y a aucun espoir qu’elle retrouve la motricité de ses membres inférieurs. Ce handicap prive désormais la famille Abou Aïcha de sa seule source de revenus, dans un territoire miné par les guerres, la pauvreté et un taux de chômage de 45 %, selon le Fonds monétaire international (FMI).

Israël tient la bande de Gaza sous blocus depuis que le Hamas y a pris le pouvoir en 2007. Les combats à coup de missiles et de roquettes ont suivi l’élimination de trois commandants militaires du Jihad islamique palestinien — accusés par Israël d’être responsables d’attaques et d’attentats anti-israéliens — dans des raids aériens israéliens sur la bande de Gaza.

L’armée israélienne affirme avoir mené des évaluations selon lesquelles “les dommages collatéraux prévus du côté des civils et des biens de civils n’excéderaient pas les avantages militaires escomptés” au cours de cette opération.

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Une frappe israélienne sur sa maison, dans la ville de Gaza, a détruit les “rêves” et l’“avenir” de Hazem Mouhanna. Féru d’antiquités, cet ancien garde de sécurité d’une organisation internationale n’a retrouvé dans les décombres que d’anciens billets de banque et un tapis ancien. Cet homme de 62 ans raconte à l’AFP qu’avant de prendre sa retraite, il avait utilisé une partie de son salaire pour collectionner de vieux objets, transformant sa maison en musée. “Beaucoup de gens venaient et me demandaient si je voulais les vendre, mais j’ai refusé”, raconte-t-il, assis sur bloc de béton.

Un soir de la semaine dernière, son frère a reçu un appel des autorités israéliennes demandant à tous les habitants de quitter les lieux, avant un bombardement imminent, raconte-t-il. “Il y avait 50 personnes dans cette maison”, dit-il, se lamentant d’avoir perdu ses “antiquités qu’(il) chérissait”.

L’armée israélienne affirme s’être efforcée de prévenir les habitants avant ses raids, assurant que “les bâtiments n’ont été attaqués qu’après avoir été pleinement évacués de leur population civile”. En cinq jours d’hostilités, 34 Palestiniens dont des commandants du Jihad islamique, mais aussi des civils dont des enfants, ont péri, selon les autorités locales. Ce bilan comprend un ouvrier agricole palestinien qui a été tué par une roquette palestinienne sur le territoire israélien. Une Israélienne a également perdu la vie après le tir d’une roquette de Gaza, selon les services de secours israéliens.

Mohammed Sarsour, 29 ans, s’apprêtait à se marier et apportait une dernière touche à son nouveau logis lorsque son voisin l’a prévenu que le bâtiment allait être bombardé. “Lorsque j’y suis allé, je n’ai rien trouvé. Plus de fenêtres, plus de chambre, plus de porte”, dit-il à Deir al-Balah (centre).

Mohammed Sarsour, employé dans une boulangerie, avait souscrit un crédit pour rénover l’appartement, désormais jonché de débris de verre et les murs fissurés ou défigurés par des trous béants. “Je suis anéanti, je n’ai plus rien à faire de ma vie”, se désole-t-il en expliquant s’être battu “pendant sept ans” pour pouvoir construire sa maison.