Viol de Tifelt : la fillette entendue à huis clos cet après-midi

Le tribunal de Rabat a décidé ce 13 avril le “huis clos” pour l’audition de la fillette de 12 ans, violée à plusieurs reprises par trois hommes, dont la condamnation en première instance à des peines jugées trop clémentes a provoqué l’émoi dans le pays.

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“Les circonstances atténuantes sont devenues la règle en matière de viol alors que ça devrait être une exception”, déplore l’avocate Laila Slassi, membre du collectif Masaktach. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Cette décision, qui concerne aussi une autre témoin mineure, a été prise à la demande du parquet. Le huis clos est à même de “protéger les deux fillettes conformément aux dispositions de protection de l’enfance”, a suggéré le Ministère public. L’audition à huis clos a lieu cet après-midi.

La salle d’audience de la cour d’appel de Rabat était bondée dès 12h ce jeudi pour la deuxième audience de ce procès, très attendu et suivi.

La petite Sanae, frêle et mutique, est entrée dans l’enceinte du tribunal accompagnée de sa grand-mère et son père. Selon plusieurs ONG, cette mineure, âgée de 11 ans au moment des faits et qui en a 12 aujourd’hui, a “subi des viols à répétition sous la menace”, dans un village près de Tifelt, dans la région de Rabat, ce qui a entraîné une grossesse.

Debout devant le juge, les trois accusés, poursuivis pour “détournement de mineure” et “attentat à la pudeur sur mineure avec violence”, sont restés tête baissée.

La partie civile a demandé à ce que le “viol” soit ajouté aux chefs d’accusations, une requête rejetée par le juge

La partie civile a demandé à ce que le “viol” soit ajouté aux chefs d’accusations, une requête rejetée par le juge.

Les trois prévenus, âgés de 25, 32 et 37 ans, ont été condamnés en première instance le 20 mars à deux ans de prison ferme pour l’un, et 18 mois ferme pour les deux autres. Ils encouraient jusqu’à 30 ans de prison ferme, selon le Code pénal marocain.

L’affaire a profondément scandalisé l’opinion publique qui a dénoncé un jugement en première instance “laxiste” et “choquant”.

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“Sanae recommence à sourire peu à peu, mais elle reste choquée”, a déclaré à l’AFP Amina Khalid, secrétaire générale de l’association INSAF (Institution nationale de solidarité avec les femmes en détresse) qui accompagne la fillette depuis le début de l’affaire. L’association a notamment aidé la petite fille à intégrer une école de la deuxième chance alors qu’elle n’avait jamais été scolarisée.

Ce drame a relancé le débat sur la protection des enfants des violences sexuelles et la nécessité de réformer les lois.

(avec AFP)