A l’approche de la saison des pluies, les pays de la Corne de l’Afrique craignent un scénario éprouvant qui est susceptible de se répéter encore, les prévisions annonçant une “sixième saison des pluies insuffisantes entre mars et mai 2023”.
Selon plusieurs observateurs, la longue sécheresse dans la Corne de l’Afrique est devenue la pire catastrophe de ce type dans cette région de l’est du continent, notamment en Éthiopie, dans la zone de Borena de l’État régional d’Oromia, au Kenya, en Somalie et au Soudan du Sud.
Devant cette situation inquiétante où les populations de la Corne de l’Afrique subissent les conséquences de la sécheresse, aggravée par la malnutrition, la pénurie d’eau, les pandémies et autres calamités d’origine humaine et naturelle, la communauté internationale et les organisations humanitaires sont appelées à agir pour alléger les souffrances de la population durement touchées dans cette partie de l’Afrique.
“Des millions d’habitants de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie luttent pour survivre dans un contexte de pénurie d’eau, de nourriture, d’insécurité et de conflit”
“La dangereuse combinaison du changement climatique et des conflits dans la région (Corne de l’Afrique) aggrave une situation humanitaire déjà désastreuse”, déplore le Haut Commissariat (HCR), notant qu’alors que la Corne de l’Afrique aborde une sixième saison des pluies consécutive sans précipitations, “le nombre de personnes déracinées ne cesse d’augmenter et des millions d’habitants de l’Éthiopie, du Kenya et de la Somalie luttent pour survivre dans un contexte de pénurie d’eau, de nourriture, d’insécurité et de conflit”.
De son côté, le Programme alimentaire mondial (PAM) a, dans son dernier rapport sur la situation et la réponse à la sécheresse dans la Corne de l’Afrique, indiqué que les pays de la région, dont l’Éthiopie, le Kenya et la Somalie, sont confrontés à une grave sécheresse depuis deux ans et demi, après cinq saisons de “pluies infructueuses”.
Des niveaux sans précédent d’insécurité alimentaire
La région connaît actuellement la sécheresse la plus grave et la plus prolongée depuis des décennies, entraînant des niveaux sans précédent d’insécurité alimentaire aiguë dans le sud et le sud-est de l’Éthiopie, les terres arides et semi-arides du Kenya et une grande partie de la Somalie, selon le PAM.
Le PAM indique que les derniers chiffres prévoient que 5,4 millions de personnes seront en situation d’insécurité alimentaire au Kenya entre mars et juin 2023. En Somalie, environ 6,5 millions de personnes devraient être confrontées à une crise ou à une situation d’insécurité alimentaire plus grave entre janvier et mars 2023, ajoute le PAM. En Éthiopie, quelque 11,8 millions de personnes ont besoin d’une aide alimentaire d’urgence dans les seules zones touchées par la sécheresse, soit une augmentation de 59 % par rapport à début 2022, relève l’agence onusienne.
“On estime qu’une personne toutes les 36 secondes meurt de faim en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, pays ravagés par la sécheresse”
“La catastrophe actuelle dans la Corne de l’Afrique en a fait l’une des régions les plus touchées par l’insécurité alimentaire, avec des taux de prévalence nettement plus élevés que dans d’autres régions du monde”, indique le PAM qui a averti que la survenue d’une autre mauvaise saison des pluies entre mars et mai 2023, comme prévu, aurait des conséquences dévastatrices pour les communautés.
“Indépendamment des performances saisonnières, les besoins humanitaires resteront élevés en 2023, et l’aide multisectorielle doit être renforcée pour sauver des vies”, ajoute-t-il. Pour sa part, l’ONG Oxfam International, qui a tiré la sonnette d’alarme, a relevé que dans la Corne de l’Afrique, “on estime qu’une personne toutes les 36 secondes meurt de faim en Éthiopie, au Kenya et en Somalie, pays ravagés par la sécheresse”.
L’ONG internationale, a indiqué que 24 millions de personnes manquent d’eau en Somalie, en Éthiopie et au Kenya ce qui va de pair avec la résurgence d’épidémies comme le choléra et la rougeole.
Selon les Nations unies, les besoins totaux pour répondre à cette crise sont de 7,7 milliards de dollars, “malheureusement cette réponse n’est pour l’instant qu’à moitié financée”, déplore l’ONG.