Les craintes de défaut de paiement des banques européennes font chuter les Bourses

Les Bourses européennes connaissent de fortes baisses vendredi avec le retour des craintes sur la santé financière des banques européennes, qui subissent de lourdes pertes sur les marchés.

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Le siège de la Banque fédérale allemande (Deutsche Bundesbank Eurosystem) est photographié à Francfort-sur-le-Main, dans l'ouest de l'Allemagne, le 3 février 2022. Crédit: ANDRE PAIN / AFP

Le repli des principaux indices s’est accentué depuis l’ouverture : Paris cédait 2,15 %, Londres 1,87 %, Francfort 2,15 %, Milan 2,46 % vers 10 h 40 GMT. Le secteur bancaire de l’indice élargi Stoxx Europe 600 chutait pour sa part de 4,7 %, après une nette augmentation du coût de l’assurance contre le risque de défaut (CDS) de plusieurs banques européennes.

Deutsche Bank était parmi les plus touchées avec une chute de 12,43 %. Commerzbank perdait aussi 8,99 % à Francfort. L’outil de couverture de la dette de Deutsche Bank indique désormais une probabilité de défaut de la première banque allemande de 27,4 % dans les cinq prochaines années. Cette probabilité est de 19,3 % pour Commerzbank, selon Bloomberg.

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Le coût de l’assurance en cas de défaut de paiement de la dette a augmenté pour la plupart des banques européennes, mais moins que pour Deutsche Bank. Pour Barclays et Société Générale la probabilité se situe autour de 13 %, selon ces outils.

À Paris, l’action Société Générale cédait 7,46 %, la plus forte baisse de l’indice CAC 40, BNP Paribas perdait aussi 6,40 %. Barclays perdait 5,94 % à Londres et HSBC 4,01 %. ING chutait de 4,68 % à Amsterdam et Nordea de 8,7 % à Copenhague.

À Zurich, Credit Suisse chute de 7,24 % et UBS de 6,79 %. D’après l’agence d’informations financières Bloomberg, elles sont visées par une enquête de la justice américaine et soupçonnées d’avoir aidé des oligarques russes à contourner les sanctions occidentales. Contactés par l’AFP, Credit Suisse n’a pas souhaité commenté l’information et UBS n’a pas répondu.

Peur d’une contagion

“La peur d’une contagion” dans le secteur bancaire “n’a pas encore disparu”, note Neil Wilson, analyste de Finalto, qui souligne le fort repli des actions des banques européennes vendredi, ce qui “pèse sur le sentiment général” du marché. “Comme je l’ai dit à plusieurs reprises au cours des deux dernières semaines, la crise ne s’arrêtera que lorsque les investisseurs cesseront de se demander qui sera le prochain”, assène l’expert. “Et il semble que nous n’en soyons pas encore là.”

Signe de la nervosité des investisseurs, les obligations des États européens, des actifs jugés peu risqués, étaient très prisées. Le taux de la dette allemande à dix ans, qui varie en sens inverse du prix de l’obligation, chutait à 2,02 % vers 10 h 30 GMT, contre 2,19 % à la clôture de jeudi.

Wall Street a terminé dans le vert jeudi, rassurée par l’idée que la Réserve fédérale américaine pourrait bientôt arrêter ses hausses de taux et par une déclaration de la secrétaire d’État au Trésor Janet Yellen qui a assuré que les autorités seraient “prêtes à prendre des mesures supplémentaires si nécessaire” pour éviter la contagion dans le secteur financier.

En Asie, Hong Kong a perdu 0,67 % et Shanghai 0,64 %. Tokyo a cédé 0,13 %, pénalisée par la remontée du yen. L’inflation au Japon a ralenti pour la première fois depuis plus d’un an en février à 3,1 %.

Deux camps

Pour Ipek Ozkardeskaya, analyste de Swissquote Bank, le marché est polarisé “entre deux camps : ‘le stress financier et comment les autorités s’en occupent, ou promettent de s’en occuper si de nouvelles turbulences apparaissent’ et le camp ‘des craintes de récession’”.

Bonne nouvelle cependant en zone euro, la croissance économique du secteur privé s’est accélérée en mars pour atteindre son plus haut niveau depuis dix mois, selon un indice publié par S&P Global. Son niveau est supérieur aux prévisions des analystes, ce qui pourrait inciter la banque centrale européenne à augmenter encore ses taux directeurs dans les mois à venir.

Les prix du pétrole chutaient aussi, souvent un signe que les investisseurs craignent une récession économique. Le baril de Brent de mer du Nord pour livraison en mai perdait 3,28 % à 73,44 dollars, tandis que le baril de WTI américain à même échéance reculait de 3,42 % à 67,58 dollars vers 10 h 30 GMT.

L’euro chutait face à plusieurs monnaies, la monnaie unique européenne reculant de 0,94 % face au dollar à 1,0729 dollar pour un euro.