Microsoft, qui a investi des milliards de dollars dans la start-up, a annoncé dans la foulée avoir intégré GPT-4 à Bing, son moteur de recherche déjà doté de fonctionnalités de ChatGPT depuis un mois. “GPT-4 est un grand modèle multimédia, moins doué que les humains dans de nombreux scénarios de la vie réelle, mais aussi performant que les humains dans de nombreux contextes professionnels et académiques”, a indiqué OpenAI dans un communiqué.
ChatGPT suscite beaucoup d’enthousiasme, mais aussi de polémiques, depuis qu’il est en accès libre et utilisé par des millions de personnes dans le monde pour écrire des dissertations, des lignes de code, des scénarios ou encore simplement pour tester ses capacités.
Avec GPT-4, le chatbot va devenir “plus créatif et collaboratif que jamais”, promet l’entreprise. Contrairement aux versions précédentes, le nouveau modèle est équipé de la vision : il comprend le texte, mais aussi les images, grâce à une autre start-up, Be My Eyes. Il ne génère en revanche que du texte.
Dans l’immédiat, seuls les utilisateurs de ChatGPT Plus, la version payante du chatbot, et le million d’internautes ayant accès au nouveau Bing vont pouvoir tester GPT-4 (sans le traitement d’images pour l’instant).
OpenAI s’est ainsi imposé comme le leader de l’intelligence artificielle (IA) générative avec ses programmes produisant des textes ou, comme DALL-E, des images.
Les capacités multimédia de GPT-4 constituent un pas dans la direction de l’intelligence artificielle dite “générale”, que le patron de la start-up, Sam Altman, appelle de ses vœux. Le concept désigne des systèmes d’IA dotés de capacités cognitives humaines, ou “plus intelligents que les humains en général”, selon Sam Altman. “Notre mission est d’assurer que l’IA générale bénéficie à toute l’humanité”, a-t-il assuré sur le blog de l’entreprise le 24 février.
Problème de mémoire
Pour l’instant, le modèle manque d’une capacité cruciale : la mémoire. Il a été formé sur des données qui s’arrêtent en septembre 2021 et “n’apprend pas en continu de ses expériences”, détaille OpenAI.
Il a en revanche gagné du terrain académique : “il réussit l’examen pour devenir avocat avec un score aussi bon que les meilleurs 10 %. La version précédente, GPT 3.5, était au niveau des 10 % les moins bons”, s’est félicitée l’entreprise.
“GPT-4 peut désormais postuler pour étudier à Stanford (une prestigieuse université américaine, ndlr). Sa capacité à raisonner c’est du JAMAIS-VU !”, a tweeté Jim Fan, un spécialiste de l’IA passé par Google et OpenAI, et désormais chez Nvidia. Il a admis avoir reçu de moins bons résultats à certains examens que le modèle.
I don’t give a damn about what is or isn’t AGI. It doesn’t matter.
Below is GPT-4’s performance on many standardized exams: BAR, LSAT, GRE, AP, etc.
The truth is, GPT-4 can apply to Stanford as a student now. AI’s reasoning ability is OFF THE CHARTS. Exponential growth is the… https://t.co/2oYjj2b7GL pic.twitter.com/on8XKqOazg
— Jim Fan (@DrJimFan) March 14, 2023
“La puissance de l’algorithme va augmenter, mais ce n’est pas une deuxième révolution”, a nuancé Robert Vesoul, PDG de l’entreprise française Illuin Technology. “On n’est pas passé de la Lune à Mars.”
“Malgré ses capacités, GPT-4 a des limites similaires aux modèles précédents”, a reconnu OpenAI. “Il n’est pas encore totalement fiable (il ‘hallucine’, invente des choses et fait des erreurs de logique).”
Course à l’IA générative
L’engouement pour ChatGPT a lancé une course à l’IA générative. En tête, Microsoft et Google ont intégré des outils de création automatisée sur leurs plateformes et logiciels en ligne, pour faciliter la production d’emails, de campagnes publicitaires et d’autres documents — non sans couacs et hallucinations des machines.
Morgan Stanley a annoncé mardi qu’elle allait utiliser GPT-4, qui permet “d’avoir toutes les connaissances de la personne la plus qualifiée en gestion de fortune — instantanément”, a noté Jeff McMillan, un des dirigeants de la banque.
Le géant des tutoriels Khan Academy et l’application de paiement Stripe vont aussi intégrer des fonctionnalités de GPT-4.
Cette progression rapide de l’IA générative inquiète de nombreuses professions intellectuelles et créatives, qui s’imaginent déjà réduites au rôle de gestion des chatbots pour en tirer les meilleurs textes et images.
Ces technologies ont aussi le potentiel d’être utilisées à des fins néfastes. L’entreprise a annoncé avoir engagé plus de 50 experts pour évaluer les nouveaux dangers qui pourraient émerger, pour la cybersécurité par exemple, en plus des risques déjà connus (génération de conseils dangereux, code informatique défectueux, fausses informations, etc.).
Leurs retours et analyses doivent permettre d’améliorer le modèle. “Nous avons notamment récolté des données supplémentaires pour nous assurer que GPT-4 refuse les requêtes d’utilisateurs sur la fabrication de produits chimiques dangereux”, a déclaré OpenAI.