Relations Maroc-Israël : Benkirane interdit toute déclaration du PJD après le communiqué du Cabinet royal

Les toutes récentes déclarations du patron du PJD sur les relations Maroc-Israël lui ont coûté un recadrage du Cabinet royal. Abdelilah Benkirane demande aux siens de ne faire aucun commentaire sur cette réaction.

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L'ancien chef du gouvernement et actuel secrétaire général du PJD, Abdelilah Benkirane. Crédit: Rachid Tniouni / TelQuel

Le Cabinet royal a publié ce lundi 13 mars un communiqué lapidaire, adressé nommément au Parti de la justice et du développement (PJD) et à son secrétariat général. Une réaction qui fait suite, annonce le rapport, à “une déclaration contenant des dépassements irresponsables et des approximations dangereuses, concernant les relations entre le Royaume du Maroc et l’État d’Israël, en lien avec les derniers développements dans les territoires palestiniens occupés”.

Le communiqué relayé par la MAP déroule quatre mises au point au sujet du rétablissement des relations entre Rabat et Tel-Aviv décidé en décembre 2020 dans le cadre des Accords d’Abraham.

Rappel à l’ordre

Premièrement, la position du Maroc envers la question palestinienne est irréversible, et elle constitue l’une des priorités de la politique étrangère de Sa Majesté le roi, Amir Al-Mouminine et Président du Comité Al-Qods, qui la place au même rang de l’intégrité territoriale du Royaume. Il s’agit d’une position de principe constante du Maroc, qui ne saurait être soumise aux surenchères politiciennes et aux campagnes électorales étriquées”, aborde le communiqué.

Deuxièmement,la politique extérieure du Royaume est une prérogative de Sa Majesté le roi, que Dieu L’assiste, en vertu de la Constitution, que le Souverain exerce conformément aux constantes nationales et aux intérêts suprêmes de la patrie, et à leur tête la question de l’intégrité territoriale”, ajoute le texte.

Troisièmement, les relations internationales du Royaume ne peuvent être l’objet de chantage de la part de quiconque et pour quelque considération que ce soit, particulièrement dans ce contexte mondial complexe. L’instrumentalisation de la politique extérieure du Royaume dans un agenda partisan interne constitue ainsi un précédent dangereux et inacceptable”, prévient le Cabinet royal.

Et quatrièmement,la reprise des relations entre le Maroc et Israël a été effectuée dans des circonstances et dans un contexte que tout le monde connaît. Elle est encadrée par le communiqué du Cabinet royal du 10 décembre 2020 et celui publié le même jour à la suite de la communication téléphonique entre Sa Majesté le roi et le Président palestinien, ainsi que par la Déclaration tripartite du 22 décembre 2020, signée devant le Souverain”, peut-on lire.

Le communiqué revient en fin sur le contexte de ce rapprochement bilatéral, survenu à un moment où le PJD dirigeait le gouvernement, expliquant que “les forces vives de la nation, les partis politiques, ainsi que certaines personnalités de premier plan, de même que certaines instances associatives militant pour la question palestinienne, avaient alors été informées de cette décision, pour laquelle ils avaient exprimé leur adhésion et leur engagement”.

Silence du zaïm

Quelques heures après ce recadrage, Abdelilah Benkirane s’est empressé d’adresser une notification à l’ensemble des membres et responsables du PJD. La directive du chef est de “ne faire aucun commentaire sur le communiqué publié par la Cour royale le lundi 13 mars”, et de “ne faire aucune déclaration à ce sujet, jusqu’à la réunion du secrétariat général du parti pour discuter de la question”.

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Pour rappel, la déclaration du PJD au sujet des relations Maroc-Israël date du samedi 4 mars. Réuni à Fès en présence du chef de parti, le secrétariat général publie une déclaration finale où il a déploré, dans l’une des onze résolutions exprimées, “les récentes prises de position du ministre des Affaires étrangères, dans lesquelles il semble défendre l’entité sioniste dans certaines réunions africaines et européennes, à un moment où l’occupation israélienne poursuit son agression criminelle contre nos frères palestiniens, notamment en Naplouse palestinienne”.

Et d’estimer que la position nationale sur le sujet “place la cause palestinienne au même niveau que notre cause nationale (le Sahara marocain, ndlr), et que le devoir juridique, historique et humain exige de redoubler d’efforts à ce stade délicat de la défense de la Palestine et de Jérusalem, face à l’escalade des provocations et des comportements agressifs sionistes, en condamnant au moins le terrorisme sioniste incessant”.