Depuis décembre dernier, le Parlement européen est ébranlé par le Qatargate, un scandale de corruption visant des députés européens et qui impliquerait le Qatar, mais aussi le Maroc. Une guerre d’influence qui se joue en partie dans les couloirs du Parlement européen et qui atteint un nouveau palier de tensions avec le vote, jeudi 16 février, par les eurodéputés, d’une nouvelle résolution à l’encontre du royaume adoptée à 401 voix pour, 3 contre et 133 abstentions.
Dans cette nouvelle mesure, “le Parlement européen exprime à nouveau sa profonde inquiétude face aux allégations de corruption de la part des autorités marocaines. Le Parlement européen demande également la mise en œuvre des mêmes mesures à l’égard des représentants du Maroc”, peut-on lire dans le document de séance.
Le Parlement européen y réaffirme “sa détermination à enquêter pleinement sur les cas de corruption impliquant des pays qui recherchent une prise d’influence au Parlement, et à prendre les mesures qui s’imposent à cet égard”.
En clair, les eurodéputés ont voté l’application aux représentants du Maroc de l’alinéa 14 de la résolution 3012 votée le 15 décembre dernier, qui “demande instamment la suspension des titres d’accès des représentants d’intérêts qatariens, conformément à l’article 123 de son règlement intérieur, jusqu’à ce que les enquêtes judiciaires fournissent des informations et des éclaircissements pertinents”.
Du Qatargate au Marocgate
L’éclatement de cette affaire est intervenu après l’arrestation, le 9 décembre dernier, de l’ancien eurodéputé italien Pier Antonio Panzeri. Cette enquête avait été menée par les services de renseignement belges après des soupçons de corruption visant initialement le Maroc.
L’enquête a été ensuite élargie au Qatar, soupçonné d’avoir lui aussi financé cet ancien élu européen. En quelques jours seulement, quatre personnes ont été placées en détention préventive dans le cadre de cette enquête en décembre dernier. Parmi eux, l’eurodéputée socialiste grecque Eva Kaili, qui était l’une des vice-présidentes du Parlement européen (l’institution en compte 14) avant que l’affaire éclate. Les enquêteurs saisissent lors des perquisitions un million et demi d’euros en petites coupures.
Quelques jours plus tard, réunis à Strasbourg, les eurodéputés assommés retiraient illico sa fonction de vice-présidente à Eva Kaili et réclamaient des changements, notamment la suspension de l’accès du Qatar au Parlement le temps de l’enquête judiciaire et, à son issue, la création d’une commission d’enquête. Mis en cause, l’émirat “rejette fermement” les accusations de corruption.
Le Maroc, dont le nom est également cité, dénonce, lui, des “attaques médiatiques” injustifiées. Le ministre marocain des Affaires étrangères Nasser Bourita estimant que “le partenariat entre le Maroc et l’UE fait face à des attaques médiatiques répétées et des attaques, notamment au sein du Parlement”.