Les vitrines de la rue de la capitale connue pour abriter des dizaines de fleuristes sont remplies de bouquets de fleurs carmin, de peluches rouge flamboyant et de guirlandes de cœur, mais les boutiques restaient mardi désertées par les clients, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Sur une devanture, une affiche du ministère de la Prévention du vice et de la Promotion de la vertu ordonne d’“éviter de célébrer la fête des amoureux”.
“Le jour des amoureux n’est pas islamique et ne fait pas partie de la culture afghane, mais est un slogan publicitaire des infidèles. Célébrer la fête des amoureux, c’est faire preuve de sympathie envers le pape chrétien”, peut-on lire.
La Saint-Valentin n’a jamais été largement célébrée en Afghanistan, mais certains habitants aisés des grandes villes marquaient l’événement ces dernières années.
Revêtus de tabliers blancs, des agents du ministère de la Prévention du vice et de la Promotion de la vertu patrouillent dans le quartier, escortés de gardes armés pour veiller au respect de l’interdiction.
Agenouillé devant son échoppe, Omar enlève les épines et les pétales flétries, mais n’a guère espoir d’écouler son stock : “Comme vous pouvez le voir nous n’avons pas de clients, la situation est très mauvaise” et d’ajouter avec la mine sombre qu’“avant, nous avions beaucoup de clients, ils achetaient des fleurs (…) Mais la situation économique des habitants ne leur permet pas de s’acheter des fleurs et ils ne sont pas autorisés à en acheter”.
“L’Émirat islamique d’Afghanistan n’a pas autorisé la population à célébrer la Saint-Valentin, donc nous avons moins de clients”, observe son confrère Fayaz.
Le ministère n’a pas pu être joint pour expliquer la décision.
En dépit de leurs promesses de se montrer plus souples à la faveur de leur retour aux affaires en août 2021, les talibans sont revenus à l’interprétation ultra-rigoriste de l’islam qui avait marqué leur premier passage au pouvoir (1996-2001).
Un journaliste de l’AFP a vu un jeune couple acheter furtivement des fleurs et quitter rapidement les lieux lorsqu’ils ont vu la patrouille de la police des mœurs.
“J’ai fait un mariage d’amour, nous célébrons ce jour tous les ans (…) Mais la situation a changé et nous ne pouvons pas le fêter comme les autres années”, déplore Zahrah. “Mais nous le fêterons à la maison”, assure la trentenaire.
(avec AFP)