Cette deuxième comparution du ministre devant le Parlement intervient au lendemain de la publication d’une enquête de plusieurs médias européens, dont le quotidien espagnol El País, indiquant au contraire qu’il y a eu au moins un mort du côté de la frontière contrôlée par l’Espagne.
“Je l’ai déjà dit et je le répète de nouveau : nous parlons de faits tragiques qui ont lieu en dehors de notre pays. Il n’y a eu aucune perte de vie humaine sur notre territoire national”, a déclaré, sur un ton offensif, Fernando Grande-Marlaska, en accusant l’opposition de “mensonges”.
“Cette tragédie n’aurait jamais dû se produire”, mais elle a pour “origine une tentative violente d’entrer dans notre pays”, a poursuivi le ministre, sur la sellette depuis ce drame. “Je peux avoir de l’empathie pour les causes” ayant poussé ces personnes à vouloir émigrer en Europe comme “les guerres (…), mais cela ne justifie pas l’attaque violente des frontières d’un pays”, a-t-il encore dit en défendant de nouveau la réponse “proportionnelle” des forces de l’ordre.
Une enquête publiée mardi, notamment par El País, montre des images d’un migrant sur le sol du côté espagnol du poste-frontière. Un membre des forces de l’ordre marocaines prend son pouls et affirme qu’il est mort. Un autre migrant qui était à ses côtés a confirmé sa mort, selon cette enquête.
La BBC avait déjà évoqué, le 1er novembre, dans un documentaire pointant la violence des forces de l’ordre marocaines et questionnant l’action des gardes civils espagnols, une vidéo montrant “au moins un mort sur le sol de l’entrée” du poste-frontière séparant le Maroc de la petite enclave espagnole “et d’autres corps sans vie sortis de là par les forces de sécurité marocaines”.
La chaîne britannique avait alors indiqué avoir eu la confirmation par les autorités espagnoles que cette zone était “sous leur contrôle”. Le ministère espagnol de l’Intérieur avait dénoncé des “accusations” formulées “sans aucune preuve”.
Le 24 juin, plus de 1700 migrants, originaires en majorité du Soudan, avaient tenté de franchir la frontière séparant le Maroc de Melilia. Certains d’entre eux étaient armés de bâtons et de barres de fer.
Cette tentative d’intrusion, précédée de violents heurts entre migrants et forces marocaines dans des campements clandestins, avait fait 23 morts, par asphyxie, selon les autorités marocaines.
Ce bilan humain est le plus lourd jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants d’entrer en force à Melilia et dans l’enclave espagnole voisine de Sebta, qui constituent les seules frontières terrestres de l’Union européenne avec le continent africain.
(avec AFP)