Incarcéré depuis le 23 décembre 2021, Thomas Clausi, qui s’est présenté comme un entrepreneur devant le juge, a comparu devant la chambre criminelle du tribunal de Casablanca, compétent pour les affaires pénales. Il était accusé d’“escroquerie” et de “paiement avec une monnaie étrangère sur le territoire marocain”, notamment pour avoir utilisé des bitcoins pour s’acheter une voiture de luxe.
Les douanes marocaines considèrent que l’usage d’une cryptomonnaie relève du transfert illégal de fonds. Son avocat, Mohamed Aghnage, a précisé à l’AFP qu’il avait l’intention d’interjeter appel. Le procès avait été reporté à plusieurs reprises.
Durant son audition, Thomas Clausi, assisté d’un traducteur, a plaidé l’innocence. “Je ne savais pas que l’usage de cryptomonnaie était interdit au Maroc. Et j’insiste surtout sur le fait que toutes ces transactions ont été faites en France”, a-t-il déclaré.
Il était poursuivi à la suite d’une plainte pour “escroquerie” déposée par une Française résidente à Casablanca qui lui avait vendu une Ferrari contre un paiement en bitcoin d’une valeur de 400.000 euros. “La transaction a bien eu lieu, il n’y a aucune escroquerie. Thomas s’est engagé à lui rendre la voiture après son arrestation, ce qui prouve sa bonne foi”, a plaidé Me Aghnage.
Cet accord à l’amiable “n’annule pas les préjudices subis par ma cliente”, a répondu de son côté l’avocat de la partie civile, Me Mohamed Belkedioui.
Ce dernier représentait également un autre plaignant, un Marocain, qui a accusé Thomas Clausi de l’avoir escroqué en lui donnant un chèque sans provision au nom d’une tierce personne — obtenu par le jeune Français en échange de bitcoins — pour s’offrir trois montres de luxe.
L’accusé a affirmé devant la cour qu’il ne “savait pas que ce chèque était sans provision, qu’il avait rendu deux des montres et qu’il était prêt à rendre la troisième”.
Le tribunal l’a condamné à dédommager le propriétaire des montres à hauteur de 40.000 dirhams (près de 3.900 euros), en plus de l’amende de 3,4 millions d’euros en faveur de l’administration des douanes.
Selon le père de Thomas Clausi, le jeune homme, originaire de Moselle (est de la France) s’était installé au Maroc avec le projet de créer une néo-banque en Afrique.
Un autre Français, étudiant de 21 ans, Sébastien Raoult, est détenu depuis le 31 mai au Maroc à la demande des États-Unis qui l’accusent de cybercriminalité.