Le long métrage d’Ismaël El Iraki, accusé d’avoir utilisé une chanson d’une artiste séparatiste, suscite la polémique, notamment sur les réseaux sociaux. Pointé du doigt, le Centre cinématographique marocain (CCM) a vite réagi, mais sans reconnaître ses erreurs.
En effet, Zanka contact, grand prix du dernier festival national du film de Tanger, a été projeté dans les salles du royaume entre le 8 septembre 2021 et le 9 août 2022, après avoir obtenu les visas commercial et culturel du CCM. Durant cette période, 8000 spectateurs de six villes marocaines ont pu voir le film dans 16 différentes salles de cinéma.
Selon le communiqué du CCM, l’œuvre d’El Iraki, bénéficiant d’un soutien de 4,2 millions de dirhams, a obtenu les visas après avoir été visualisée par différentes commissions du CCM et autres parties, dont le ministère de la Culture : “La commission de soutien des œuvres cinématographiques a visualisé, le 18 décembre 2020, le long métrage en question et l’a approuvé à unanimité.” Sauf que, toujours selon le CCM, la version du scénario reçue ne contenait aucune mention de ladite chanteuse, mais évoquait la chanson Sidi Raddad du chanteur Fadoul, “un représentant de la culture hassanie” insistant sur le fait que la commission incluait “un représentant de la culture hassanie”.
Après la commission de soutien, le film n’est autorisé à être projeté qu’après son passage en commission mixte, présidée par le CCM. Cette dernière a octroyé le visa commercial à Zanka contact après l’avoir visualisé, “mais sans s’arrêter sur le scénario original ni le choix de la musique”, précise le communiqué.
Ainsi, le CCM annonce avoir revisualisé le film, accusant le réalisateur et producteur de l’œuvre d’avoir “trahi le scénario initialement reçu par le CCM”. Le centre a décidé de suspendre les visas culturel et commercial du film, même si sa période de projection est déjà achevée. L’instance cinématographique a également suspendu la carte professionnelle du réalisateur et averti la boîte de production, lui accordant un délai de 48 heures pour modifier le film “conformément au scénario initial”.
“Le CCM doit assumer la faute”
Contacté par TelQuel, le réalisateur du film, Ismaël El Iraki, qualifie la polémique de “grand malentendu sans aucune intention politique” et promet une clarification à l’opinion publique à travers l’envoi prochain d’un communiqué de presse.
De son côté, un cinéaste ayant requis l’anonymat pointe du doigt le CCM : “On ne peut blâmer que le CCM pour cette faute grave. Le jury évalue les films du point de vue artistique, ce n’est pas de sa mission de vérifier de tels détails. Avant d’arriver au festival, qui est organisé par le CCM, le film a été projeté dans les salles de cinéma, après avoir obtenu les visas nécessaires, qui sont, encore une fois, accordés par le CCM”, nous affirme notre source.
“Il est étonnant que cette séquence ait échappé au regard des différentes commissions. Le CCM doit assumer la faute commise par ses commissions qui ont laissé passer cet extrait, que le réalisateur aurait utilisé par inattention, ajoute le même interlocuteur. Le communiqué du CCM est une fuite en avant.”