Ukraine : nouvelle frappe meurtrière avant l'annexion de quatre régions par Moscou

Une frappe militaire russe sur une colonne de véhicules civils a fait 25 morts ce vendredi 30 septembre dans le sud de l’Ukraine, quelques heures avant l’annexion prévue par la Russie de quatre régions ukrainiennes.

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Un bâtiment endommagé à la suite d'un bombardement dans la deuxième plus grande ville d'Ukraine, Kharkiv, le 3 mars 2022. Crédit: Sergey Bobok / AFP

A l’occasion de ces annexions, qui représentent une escalade sérieuse de l’offensive lancée le 24 février, un long discours de Vladimir Poutine et des festivités sont prévues à Moscou, alors même qu’une mobilisation souvent chaotique se déroule en Russie, qui a poussé des dizaines de milliers de Russes à l’exil.

Le Kremlin doit accueillir à 12 h GMT une cérémonie au cours de laquelle Poutine doit prononcer un discours annoncé comme « volumineux » pour célébrer les conquêtes russes, au moment même pourtant où son armée est en difficulté sur le terrain, reculant face à une contre-offensive ukrainienne, notamment à Lyman, un nœud ferroviaire important de l’est ukrainien.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a lui convoqué pour vendredi une réunion d’urgence de son Conseil de sécurité et réclamé plus d’armes occidentales.

La matinée a été endeuillée par une frappe particulièrement meurtrière sur une colonne de voitures de civils non loin de la limite entre la zone ukrainienne et la zone occupée de la région de Zaporijjia, l’un des quatre territoires devant être incorporés par la Russie. Au moins 25 personnes ont été tuées et 50 autres blessées dans cette frappe, selon le parquet ukrainien, les deux camps se rejetant la responsabilité du bombardement.

Après cette frappe, Zelensky a traité la Russie de « terroriste » et de « racaille sanguinaire ».

Un responsable de la présidence ukrainienne, Kyrylo Tymoshenko, a affirmé que 16 missiles S-300 russes étaient tombés sur la zone, alors que ces armes sol-air sont aussi utilisées par les Russes pour frapper des cibles au sol.

Sur les lieux, deux colonnes de voitures aux vitres éclatées et aux carrosseries criblées d’impacts étaient visibles. Entre elles, des corps inanimés gisaient, certains recouverts de draps en guise de linceul.

Selon Kiev, la Russie a frappé « à la roquette contre un convoi humanitaire de civils » qui « faisaient la queue pour se rendre dans la zone temporairement occupée ». Un représentant de l’occupation russe locale, Vladimir Rogov, a lui accusé Kiev d’avoir « frappé nos gens, qui faisaient la queue » pour empêcher ces civils de rejoindre la zone sous contrôle des Russes.

Dans la région voisine de Kherson, qui doit également être annexée vendredi, un responsable de l’occupation russe a été tué dans la nuit dans une frappe ukrainienne sur son domicile menée à l’aide de systèmes HIMARS fournis par les États-Unis, selon un autre cadre prorusse, Kirill Stremooussov.

La capitale russe se prépare elle à des festivités, avec une circulation restreinte vendredi, notamment un concert à l’ombre des murs du Kremlin, lors duquel Poutine pourrait faire une apparition. Les employés municipaux installaient des affiches géantes sur la Place rouge qui lisaient : « Donetsk. Lougansk. Zaporijjia. Kherson. Russie ! », ont constaté des journalistes de l’AFP.

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Ces quatre régions vont être officiellement annexées, après de prétendus référendums régionaux organisés fin septembre à la hâte. Le vote a eu lieu sous surveillance de soldats en armes et a été qualifié de « parodie » par Kiev et ses soutiens occidentaux.

Les dirigeants occidentaux se sont succédé pour marteler qu’ils ne reconnaîtraient « jamais » les annexions et ont promis de nouvelles sanctions à l’encontre de Moscou.

Le Conseil de sécurité de l’ONU doit voter vendredi sur une résolution condamnant ces « référendums ». Ce texte préparé par les États-Unis n’a aucune chance d’être adopté en raison du droit de veto de la Russie, mais il devrait ensuite être présenté à l’Assemblée générale.

Revendiquant son emprise sur ces territoires, la Russie, qui avait déjà annexé en 2014 la Crimée, péninsule du sud de l’Ukraine, a menacé de faire usage de l’arme nucléaire pour les défendre.

Sur le front, la situation se détériore pour les forces russes, engagées dans une bataille pour Lyman, ville de la région de Donetsk et important nœud ferroviaire, qui fait face à un assaut ukrainien. Les forces ukrainiennes restent silencieuses sur les opérations en cours, mais le chef des séparatistes de la région de Donetsk Denis Pouchiline a reconnu que les Russes étaient « partiellement encerclés » et ne plus avoir « le contrôle total » des localités avoisinantes de Drobychevé et Iampil.

Ailleurs sur le terrain, une personne a été tuée et cinq blessées dans une frappe russe sur la région de Dnipropetrovsk (centre) qui a détruit une entreprise de transport par bus. Dans celle de Donetsk (est), huit personnes ont été tuées et 17 blessées dans de multiples bombardements, selon le rapport matinal de la présidence ukrainienne.

L’Ukraine a déjà reconquis depuis début septembre l’essentiel de la région de Kharkiv, dans le nord-est, et repris récemment le nœud ferroviaire de Koupiansk.

Pour soutenir cette contre-offensive, les États-Unis ont débloqué ce jeudi 29 septembre une nouvelle enveloppe de plus de 12 milliards de dollars.