Trois mois après la suspension du traité d’amitié, les liens commerciaux hispano-algériens toujours gelés

Trois mois après la suspension par l’Algérie, le 8 juin, du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération avec l’Espagne, les échanges commerciaux entre les deux pays sont toujours bloqués. À Alger, les autorités gardent le silence en attendant des “éclaircissements” de Madrid.

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Drapeaux de l'Algérie, de l'Espagne et de l'Union européenne au Palais de la Moncloa à Madrid, le 21 juin 2015. Crédit: AFP

Madrid et Alger dans l’impasse ? C’est le cas pour les échanges commerciaux entre les deux pays voisins, gelés depuis la suspension par l’Algérie du traité d’amitié qui la liait au royaume ibérique, après le soutien du gouvernement espagnol au plan marocain d’autonomie pour résoudre le conflit au Sahara.

Selon l’agence de presse espagnole EFE qui cite des sources “bien informées”, les dirigeants du palais El Mouradia attendent toujours des “clarifications” du gouvernement de Pedro Sanchez sur sa nouvelle position au sujet du Sahara.

“Il n’y a pas d’autorisations pour les marchandises en provenance d’Espagne”, reconnaît une source douanière algérienne au micro d’EFE, alors que le patronat bancaire avait dit lever les restrictions sur les opérations bancaires en juillet. Pour le gouvernement algérien, les relations commerciales sont une “prérogative exclusive de l’État”.

Sahara, pomme de la discorde

La semaine dernière, lors d’une conférence de presse tenue à Berlin en présence du chancelier allemand Olaf Scholz, le président du gouvernement espagnol Pedro Sanchez a fait par de sa volonté de se rendre à Alger. Cette volonté ne semble pas non plus avoir ému les autorités algériennes, qui sont restées silencieuses depuis.

“Je crois personnellement que l’Espagne doit d’abord corriger ses divagations avant qu’une visite à ce niveau soit possible”, a déclaré une source diplomatique à EFE, faisant référence au soutien de l’Espagne à la position marocaine concernant le dossier du Sahara, pomme de discorde entre Rabat et Alger.

La crise diplomatique et commerciale entre les deux pays méditerranéens coïncide avec la crise énergétique en Europe, au moment où l’Algérie, troisième fournisseur de gaz du Vieux continent, apparaît comme l’alternative à la dépendance au carburant russe.

Ces derniers mois, l’Algérie a accepté d’augmenter ses exportations de gaz vers l’Italie, s’est réconciliée avec la France et a reçu lundi dernier le président du Conseil européen, Charles Michel, qui l’a décrite comme un partenaire “fiable” dans le domaine énergétique, mais garde toujours ses distances avec l’Espagne.

Jusqu’au début de l’année, l’Algérie était le principal fournisseur de gaz du royaume ibérique, considéré comme partenaire préférentiel, mais aujourd’hui, la compagnie algérienne d’hydrocarbures révise les prix dans les mises à jour des contrats en cours, car, selon elle, ils sont “bien inférieurs au niveau actuel du marché”, ce qui aura des répercussions prévisibles sur l’Espagne.

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