“Marche sur Tindouf” et “la Mauritanie est une erreur” : Ahmed Raissouni explique ses propos

Suite à la polémique enclenchée par ses propos, au Maroc comme chez nos deux voisins du sud et de l’est, le président de l’Union internationale des oulémas musulmans, Ahmed Raissouni, vient de s’expliquer.

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Ahmed Raissouni, président de l'Union mondiale des oulémas musulmans.

Dans une interview diffusée le 2 août, le président de l’Union internationale des oulémas musulmans Ahmed Raissouni affirmait que le Maroc avait hérité le conflit du Sahara de l’ère coloniale, précisant que le royaume devrait “regagner ses frontières historique, avant l’occupation européenne”, qualifiant l’indépendance de la Mauritanie d’“erreur”.

Critiquant un “recours de l’État à Israël dans l’affaire du Sahara”, Raissouni a déclaré qu’il fallait plutôt “impliquer davantage le peuple que faire appel à Israël”, indiquant que les “Marocains sont prêts à faire une marche non seulement vers Lâayoune, mais vers Tindouf” s’il le faut.

Diffusés à la fin du mois dernier, ces propos ont provoqué la colère des voisins du Maroc, notamment les internautes, médias et institutions mauritaniens et algériens.

Dans la foulée, le savant marocain s’est exprimé sur son propre site web en vue d’expliquer ses déclarations “mal interprétées”.

Le conflit au Sahara, une création coloniale

Sur son site, Ahmed Raissouni s’est attaché à sa position sur le conflit au Sahara. Pour ce savant, “tous les pays de la région subissent les répercussions de ce conflit” considérant le Polisario comme “un groupe armé à la frontière du Maroc (…) dont la vraie capitale n’est autre que Tindouf, où vivent des milliers de Sahraouis dans des conditions misérables”.

“Pour ce, j’ai appelé à autoriser aux oulémas, savants et à tous les Marocains de se rendre à Tindouf en vue de communiquer et de discuter, avec leurs frères marocains sahraouis détenus dans les camps, de l’union et de la fraternité qui nous rassemblent ainsi que de l’absurdité du projet séparatiste”, s’est-il défendu.

Raissouni a également réitéré “la nécessité de résoudre ce différend” pour le bien des peuples de la région, appelant les décideurs algériens à se détacher du conflit.

“L’indépendance de la Mauritanie contestée par le Maroc”

Concernant la Mauritanie, le savant s’est toujours montré attaché à ses propos controversés, réaffirmant que l’indépendance de la Mauritanie a été contestée par le Maroc pour des raisons historiques, avant qu’il ne la reconnaisse plusieurs années plus tard.

“La Mauritanie est l’un des pays du Maghreb arabe, telle est la réalité actuelle, telle que reconnue par la communauté internationale et par les pays de la région”, nuance-t-il.

Pour cet érudit de 69 ans, “les anciennes aspirations de l’union ne pourront être atteintes que dans le cadre d’une politique visant à rassembler de manière progressive et mutuellement approuvée”.

Ahmed Raissouni n’est pas la première figure publique nationale à réclamer la “marocanité” de la Mauritanie. En 2016, alors secrétaire général du parti de l’Istiqlal, Hamid Chabat affirmait devant les syndicalistes de l’UGTM, affiliée au parti d’Allal El Fassi, que “la Mauritanie est une terre marocaine et les frontières du Maroc s’étendent de Sebta au nord jusqu’au fleuve Sénégal au sud”, suscitant l’ire des responsables mauritaniens.

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