C’est un samedi déterminant pour l’avenir politique de Hamid Chabat, en proie à une fronde intérieure depuis sa sortie concernant la « marocanité » de la Mauritanie. Pour répondre à ses adversaires, le patron de la balance a appelé à un conseil national extraordinaire ce samedi 31 décembre. Au-delà de l’impact diplomatique de ses déclarations, c’est de leur onde de choc interne qu’il va s’agir. A l’ordre du jour de cette instance, véritable Parlement du parti : l’étude de sanctions à l’encontre des dirigeants qui ont fustigé le chef de parti. En filigrane, le patron du PI veut montrer qu’il tient toujours les rênes. Hamid Chabat a peu goûté les sorties de son prédécesseur, Abbas El Fassi, mais aussi du président du conseil national, Taoufik Hejira et de Karim Ghellab, notamment, tous unanimes à critiquer publiquement la sortie de Hamid Chabat, qui a engendré des tracas diplomatiques avec le voisin du sud.
Un communiqué signé de la main de Hamid Chabat lui-même officialise cette convocation, adoptant un ton menaçant et ferme contre les contestataires : « Des membres du comité exécutif du parti sont allés à l’encontre des décisions (du comité exécutif) qu’ils ont eux même participé à élaborer (…) le parti prendra à leur encontre les décisions qui s’imposent ». Une référence à une éventuelle convocation devant le comité disciplinaire du parti.
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Loin de se laisser impressionner par cette sortie de Chabat, l’ancien ministre Karim Ghellab maintient ses déclarations : « Je condamne la sortie du secrétaire général du parti parce qu’il s’agit d’une atteinte à la souveraineté d’un pays frère et aux intérêts du Maroc », nous assure-t-il. Il nous confirme qu’il sera présent, samedi, à l’occasion de la réunion : « J’ai l’habitude d’assister aux réunions du parti », a-t-il enchaîné.
Pourquoi ce timing pour organiser cette rencontre à l’heure où les tensions avec la Mauritanie ne sont toujours pas apaisées et alors que les négociations pour la formation d’un gouvernement devraient reprendre dès cette semaine ? « Hamid Chabat a décidé d’un conseil national avec célérité pour délivrer un message interne mais aussi vers l’extérieur. Après le communiqué de soutien de l’UGTM et de la jeunesse [du parti], il veut prouver qu’il tient l’appareil. Il s’adresse aussi au Chef du gouvernement désigné en lui signifiant que l’Istiqlal n’est pas faible et qu’il faudra compter avec lui pour les négociations » détaille Abdelkader El Kihel.
Bataille au PI
« Selon le règlement intérieur du parti, le secrétaire général a le droit d’appeler à une session extraordinaire du conseil national », nous déclare Abdelkader El Kihel, membre du comité exécutif de l’Istiqlal et proche de Chabat. Interrogé sur l’ordre du jour, il se contente de nous expliquer que le secrétaire général « va exposer les faits et les derniers développements politiques et le conseil national prendra les décisions qui lui paraissent nécessaires ». Autre point important : Qui va présider cette session ? « C’est le secrétaire général du parti qui va la présider », nous confie El Kihel, confirmant ainsi la mise à l’écart du président du conseil national, Taoufik Hjira. La réunion ne devrait pas non plus trop s’attarder sur la polémique concernant la Mauritanie, si l’on en croit Lahcen Fallah, membre comité exécutif : « Le sujet de la Mauritanie est clos depuis les excuses du parti et de son secrétaire général publiées dans un éditorial du journal du parti ».
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La question qui se pose dès lors est la suivante : Quelle sera la réaction des voix critiques envers Hamid Chabat ? Mettront-elles sur la table à nouveau la bourde diplomatique du patron du parti ? Vont-elles essayer de court-circuiter la rencontre ? Ce qui est sûr, c’est que Hamid Chabat semble vouloir peser de tout son poids. Dès le début de la crise, il s’est d’ailleurs empressé de s’entourer de ses lieutenants. Chabat a rapidement formé, au lendemain de la fameuse réunion du comité exécutif du 26 décembre, une « cellule de suivi » composée, notamment, du porte-parole du parti, Adil Benhamza, d’Abdelkader El Kihel et du membre du comité exécutif Mounia Ghoulam. Objectif : suivre les développements de la crise. Dans la foulée, il a interdit que des déclarations soient données au nom du parti, sauf si elles émanent de son porte-parole. Manifestement, ses directives n’ont pas été suivies. Arrivera-t-il à maintenir soudée la maison istiqlalienne cette fois ? Ce samedi, il joue son va-tout.
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