Palestine : nouvel accès de fièvre meurtrier à Gaza, arrestations en Cisjordanie

Le Jihad islamique palestinien dans la bande de Gaza et Israël ont poursuivi tôt samedi leurs échanges de tirs, pire flambée de violence entre les deux ennemis depuis une guerre éclair l’an dernier.

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Feu et fumée après une frappe israélienne sur la ville de Khan Yunis, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 août 2022. Crédit: AFP

A 8 h 30 locales (5 h 30 GMT), tandis que les alertes aux roquettes continuaient de retentir dans des localités israéliennes adjacentes au territoire palestinien sous blocus, la ville de Gaza était comme paralysée, les rues désertées et les magasins fermés, d’après un journaliste de l’AFP sur place.

Raids sans cesse

Selon l’armée israélienne, les frappes, qui ont continué jusqu’à l’aube à travers l’enclave, ont visé des sites appartenant au Jihad islamique, notamment de fabrication d’armes. Quinze combattants ont été tués dans ces raids ayant commencé vendredi après-midi, a estimé l’armée, tandis que les autorités de Gaza ont fait état de 10 morts, dont une fillette de cinq ans, et de 79 blessés.

Les tirs en provenance de Gaza se sont également poursuivis, sans faire de victime ni dégât, d’après l’armée de l’État hébreu. La branche armée du Jihad islamique, les brigades Al-Qods, avaient affirmé vendredi après une salve de plus de 100 roquettes vers le sol israélien qu’il ne s’agissait que d’une “première réponse” à l’assassinat d’un de ses chefs dans une frappe israélienne.

Dans la nuit, les forces israéliennes ont également arrêté en Cisjordanie occupée 19 membres du Jihad islamique. C’est l’arrestation, en début de semaine, d’un chef du groupe en Cisjordanie occupée qui a mené à cette nouvelle confrontation armée.

Les autorités israéliennes ont dit craindre des actions en représailles en provenance de Gaza et ont lancé une “attaque préventive”. Il s’agit de la pire confrontation entre l’État hébreu et des organisations armées de Gaza depuis la guerre de 11 jours en mai 2021, qui avait fait 260 morts côté palestinien, parmi lesquels des combattants, et 14 morts en Israël, incluant un soldat, d’après les autorités locales.

L’Égypte, intermédiaire historique entre Israël et les groupes armés de Gaza, s’efforce d’établir une médiation et pourrait accueillir une délégation du Jihad islamique ce samedi, ont indiqué des responsables égyptiens à l’AFP à Gaza. Le Caire avait auparavant indiqué mener des discussions “sans relâche afin de calmer la situation et préserver les vies et les biens”.

Attaque contre le Jihad islamique ou guerre contre Gaza ?

Après les premiers raids, le Jihad islamique a accusé l’État hébreu d’avoir “déclenché une guerre”. “L’ennemi sioniste a commencé cette agression et doit s’attendre à ce que nous nous battions sans relâche”, a déclaré son secrétaire général, Ziad al-Nakhala, dans un entretien avec la télévision libanaise Al-Mayadeen, à Téhéran, la capitale iranienne.

“Israël a mené une opération de contre-terrorisme précise contre une menace immédiate”, a déclaré vendredi le Premier ministre israélien Yaïr Lapid à la télévision, accusant le groupe armé d’être “un supplétif de l’Iran qui veut détruire l’État d’Israël et tuer des Israéliens innocents”“Nous ferons tout ce qu’il faut pour défendre notre peuple”, a-t-il assuré.

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En 2019, la mort d’un commandant du Jihad islamique dans une opération israélienne avait donné lieu à plusieurs jours d’échanges de tirs meurtriers entre le groupe armé et Israël. Le Hamas, qui a combattu l’État hébreu lors de quatre guerres depuis sa prise du pouvoir en 2007, s’était lui tenu à distance des affrontements.

Ces derniers jours, Israël avait déployé des renforts à proximité de l’enclave et avait ordonné mardi la fermeture des passages frontaliers, contraignant des milliers de Gazaouis, titulaires de permis de travail en Israël, à rester chez eux. Cette fermeture a ralenti la livraison de diesel, nécessaire pour alimenter la centrale électrique de Gaza.

Cette unique centrale risque de cesser de fonctionner en raison d’un manque de carburant, a alerté jeudi son directeur. Environ 50 personnes quittant normalement quotidiennement l’enclave pour des soins ont également été affectées, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS).