Record de transferts des MRE à 93,7 milliards de dirhams, ce qu’il faut retenir du rapport annuel de Bank Al-Maghrib

Reçu par le roi Mohammed VI, le gouverneur de Bank-Al Maghrib, Abdellatif Jouahri, a remis le rapport annuel de la banque centrale. Rendu public le 30 juillet, le document revient sur la situation économique, monétaire et financière du royaume. Ce qu’il faut en retenir.

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Abdellatif Jouahri, gouverneur de Bank Al-Maghrib (BAM). Crédit: MAP

Transferts records des MRE

Les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont atteint un niveau record de 93,7 milliards de dirhams (MMDH) au titre de l’année 2021, en hausse de 37,5 % comparativement à 2020, ressort-il du rapport annuel de Bank Al-Maghrib (BAM) sur la situation économique, monétaire et financière. Cette performance a contribué à contenir le creusement du déficit courant qui s’est établi à 29,1 MMDH, soit 2,3 % du produit intérieur brut (PIB) au lieu de 1,2 % un an auparavant.

Parallèlement, les inquiétudes suscitées par les vagues récurrentes de contaminations ont continué de peser sur l’activité touristique, les recettes voyages étant revenues à 34,3 MMDH contre 36,4 MMDH en 2020 et 78,7 MMDH en 2019, relève la même source.

Le rapport indique aussi que les échanges extérieurs ont connu un important rebond en 2021, en lien avec l’allégement des restrictions sanitaires et la reprise de la demande aussi bien au niveau national qu’international.

Les importations de biens ont augmenté de 24,7 %, tirée notamment par l’alourdissement de la facture énergétique et la hausse des acquisitions de produits finis de consommation. De leur part, les exportations ont progressé de 25 %, reflétant celle des ventes de phosphate et dérivés et de l’automobile.

Ces évolutions se sont traduites par une nette aggravation du déficit commercial qui a atteint l’équivalent de 15,5 % du PIB, avec toutefois une quasi-stagnation du taux de couverture à 62,3 %.

Les avoirs officiels de réserve dépassent 330 MMDH

En ce qui concerne les avoirs officiels de réserve (AOR), ils se sont renforcés de 3,2 % à 330,8 milliards de dirhams (MMDH) en 2021. Ces avoirs représentent une couverture de 5 mois et 29 jours d’importations de biens et services, précise le rapport.

Cette évolution est le résultat notamment des tirages extérieurs nets du Trésor qui ont atteint 8,14 MMDH, de l’octroi par le Fonds monétaire international (FMI) d’une allocation de droits de tirage spéciaux (DTS) d’un montant équivalent à 10,8 MMDH et des achats de devises par BAM dans le cadre des adjudications qu’elle organise pour réguler le marché pour un total de 15 MMDH, fait savoir la même source

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Pour les avoirs extérieurs nets des banques, après une expansion de 60,4 % en 2020, ils ont affiché un recul de 26,4 % à 23,7 MMDH, reflétant, outre l’effet des adjudications de devise de Bank Al-Maghrib, la hausse des achats de leur clientèle dans un contexte de reprise des importations. Le rapport indique aussi que l’évolution du compte financier a été marquée notamment par l’amélioration des recettes relatives aux investissements directs étrangers (IDE) à l’équivalent de 2,5 % du PIB et par la réduction de 28,6 % des tirages au titre des emprunts extérieurs publics.

Dans le même sens, et en l’absence d’émissions obligataires du Trésor sur le marché financier international, le flux des investissements de portefeuille s’est soldé par un montant de 2,6 MMDH, contre une entrée nette de 21,2 MMDH en 2020.

Accroissement des dépôts bancaires de 5,2 % en 2021

Les dépôts bancaires se sont accrus de 5,2 % en 2021 au lieu de 6,4 % un an auparavant. Cette évolution recouvre une décélération de 10,6 % à 7,6 % pour les dépôts à vue, une quasi-stabilité, au lieu d’une diminution de 9,5 %, de ceux à terme et un redressement des dépôts en devises de 5,4 % après une contraction de 5,4 %, indique le rapport.

Par secteur institutionnel, les dépôts des entreprises non financières privées ont augmenté de 10,8 % à 174,4 milliards de dirhams (MMDH), recouvrant principalement une hausse de 11,4 % des dépôts à vue et un recul de 1,8 % de ceux à terme, ajoute la même source.

Pour les particuliers, les dépôts à vue et les comptes d’épargne se sont améliorés respectivement de 6,7 % et 2,9 %, alors que les dépôts à terme se sont repliés de 7,9 %. Au total, l’encours de l’ensemble de leurs dépôts a progressé de 3,9 %, d’une année à l’autre, pour s’établir à 753 MMDH dont 185,9 milliards détenus par les MRE. Quant aux entreprises publiques, leurs avoirs auprès des banques se sont renforcés de 28,3 % à 23,7 MMDH.

7372 faux billets détectés en 2021

Le nombre de faux billets détectés s’est établi à 7372 en 2021, représentant l’équivalent de 1,1 million de dirhams (MDH). Ces faux billets ont concerné principalement la coupure de 200 dirhams avec une part de 61 %, précise le rapport.

D’après la même source, les données sur ce phénomène indiquent la poursuite de la tendance baissière observée ces dernières années, le taux de faux monnayage ayant reculé de 6,1 billets pour chaque million de billets en circulation en 2017 à 3,3 en 2021.

En ce qui concerne les documents identitaires et utilitaires sécurisés produits pour le compte de ses partenaires, la Banque a produit et livré 1,4 million de passeports biométriques, 1,1 million de permis de conduire électronique, 1 million de certificats d’immatriculation électronique, 70.000 permis de port d’armes et 800.000 diplômes de baccalauréat et de relevés de notes pour le compte des Académies régionales de l’éducation et de la formation (AREF).

Augmentation de 27,4 % des financements des banques participatives

Les financements accordés par les banques participatives ont augmenté, en glissement annuel, de 27,4 % à près de 21,53 milliards de dirhams (MMDH) à fin juin 2022.

Ces financements concernent notamment l’immobilier à hauteur de 17,93 MMDH, la consommation (1,2 MMDH), l’équipement (2,17 MMDH) et la trésorerie (106 millions de dirhams), précise BAM dans un document sur les statistiques monétaires de juin 2022.

Parallèlement, les engagements des banques participatives se sont élevés à près de 7,61 MMDH auprès des banques, et ce, sous forme principalement de refinancement à travers le produit Wakala bil Istithmar et de dépôts à vue reçus des banques mères, fait savoir la même source.

Les comptes chèques et comptes courants ont, quant à eux, grimpé de 31,2 % à plus de 6 MMDH, alors que les dépôts d’investissement se sont situés à près de 1,92 MMDH.

Augmentation de 4,3 % de la masse monétaire en juin 2022

Le rythme de croissance annuelle de l’agrégat monétaire M3, qui représente la masse monétaire, s’est situé à 4,3 % en juin 2022 après 4,9 % un mois auparavant, selon Bank Al-Maghrib.

Cette évolution recouvre une progression de la monnaie scripturale de 7,2 %, une hausse de la circulation fiduciaire de 8,2 %, ainsi qu’une atténuation de la baisse des dépôts à terme de 10,9 % à 10 %, précise BAM dans une note sur ses indicateurs clés des statistiques monétaires pour le mois de juin.

Par contrepartie, les créances nettes sur l’Administration centrale se sont accrues de 10,1 % après 20,1 % et les avoirs officiels de réserve de 9,5 % après 7 %. Pour sa part, le crédit bancaire au secteur non financier a vu sa croissance se stabiliser à 3,9 %, avec une décélération de 6,2 % à 6 % de la progression des prêts aux sociétés privées, une accentuation de la baisse des crédits aux sociétés non financières publiques de 10,2 % à 10,5 % et une accélération de la croissance des crédits aux ménages à 3,6 % après 3,3 %.

En glissement mensuel, la masse monétaire a enregistré, en juin dernier, une hausse de 1,8 % pour s’établir à 1.608,6 milliards de dirhams (MMDH). Cette évolution reflète principalement des progressions des dépôts à vue auprès des banques de 2,7 %, des détentions en titres d’Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) monétaires de 6,1 % et de la monnaie fiduciaire de 1,4 %.

Progrès de 3,9 % du crédit bancaire

Le crédit bancaire au secteur non financier (SNF) a progressé de 3,9 % en juin 2022, ressort-il des récentes statistiques monétaires de BAM. La progression des prêts aux sociétés privées a décéléré de 6,2 % à 6 %, alors que la baisse des crédits aux sociétés non financières publiques s’est accentuée de 10,2 % à 10,5 % et la croissance des crédits aux ménages s’est accélérée à 3,6 %, précise la Banque Centrale.

Par branche d’activité, les données trimestrielles, entre le premier et deuxième trimestre de 2022, font ressortir une stagnation à 4 % de la progression annuelle du crédit bancaire global, recouvrant principalement des hausses de 12,3 % des crédits aux industries manufacturières, de 12,5 % des crédits au commerce, réparations automobiles et d’articles domestiques et de 29,8 % des crédits à la branche Électricité, gaz et eau, une baisse de 9,2 % des prêts au bâtiment et travaux publics et une atténuation du repli des concours aux Transports et communications à 10 %.

En glissement mensuel, le crédit bancaire au SNF s’est accru de 1,6 %, avec une progression de 4,4 % des facilités de trésorerie, de 0,3 % des crédits à l’équipement, de 0,6 % des prêts à l’immobilier et de 0,9 % de ceux à la consommation.

 Hausse de 22,7 % des recettes des IDE

Les recettes au titre des investissements directs étrangers (IDE) ont enregistré une hausse de 22,7 % en 2021 à 31,9 milliards de dirhams, soit l’équivalent de 2,5 % du PIB contre 2,3 % en 2020.

Malgré le contexte d’incertitudes liées à l’évolution de la pandémie de la Covid-19, les recettes au titre des IDE ont enregistré une hausse de 22,7 % à 31,9 milliards, soit l’équivalent de 2,5 % du PIB contre 2,3 % en 2020, et une moyenne de 3,3 % au cours des 5 années précédant la crise, précise ce même rapport présenté au roi par le gouverneur de la banque centrale.

Au même titre, les dépenses se sont quasiment stabilisées à 12,6 milliards après un recul de 30,2 %, le flux net des IDE ressortant ainsi en expansion de 43,6 % à 19,4 milliards, fait savoir la même source.

Cette amélioration a concerné l’ensemble des secteurs avec notamment des progressions des flux de 11,6 % à 8,8 MMDH vers les industries manufacturières et de 14,5 % à 6,6 MMDH à destination de l’immobilier, les services financiers et d’assurance et l’agriculture, sylviculture et pêche ayant attiré des montants respectifs de 3,3 MMDH et 1,2 MMDH. Pour le reste, 2,7 MMDH ont été drainés par l’hébergement et la restauration, 1,6 MMDH par le secteur du transport et entreposage et 7,8 MMDH a bénéficié à diverses activités.

Par pays d’origine, plus de la moitié des IDE provient des trois principaux investisseurs étrangers au Maroc. Ainsi, les entrées émanant de la France ont atteint 9,5 MMDH, celles des Émirats arabes unis 4,3 milliards et la Grande-Bretagne a été à l’origine d’un flux de 3,4 MMDH. En parallèle, les investissements directs des Marocains à l’étranger ont connu une évolution significative avec des hausses à 18,2 MMDH pour les dépenses et à 13,6 milliards pour les cessions après 7,6 MMDH et 3,2 MMDH de dirhams respectivement un an auparavant, fait savoir le rapport, ajoutant que le flux net est ressorti ainsi en accroissement de 4,5 % à 4,6 MMDH contre une moyenne de 7,6 MMDH au cours des cinq années précédant la crise.

Plus de la moitié des dépenses, soit 9,4 MMDH, a été réalisée dans les industries manufacturières et 6,6 MMDH dans les activités financières et d’assurance. L’Afrique reste l’une des principales destinations avec une part de 44,1 % en 2021 et de 60,5 % en moyenne entre 2018 et 2020. Hormis la France qui a drainé un flux exceptionnel de 8,4 MMDH soit 46,5 % du total, les montants des investissements en direction des autres destinations classiques sont restés bien en deçà des niveaux d’avant crise.

Augmentation de 15,5 % des souscriptions aux titres d’OPCVM

Les souscriptions aux titres des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) ont enregistré une hausse de 15,5 % en 2021, à 1.085,6 milliards de dirhams (MMDH).

Ainsi, le montant des acquisitions de titres d’OPCVM monétaires s’est accru de 20,1 % à 429,5 milliards et celui des fonds obligataires à court terme de 32,5 % à 246,7 milliards, fait savoir BAM, ajoutant que les achats de titres des fonds diversifiés ont plus que quadruplé, atteignant 42,7 milliards. En revanche, les OPCVM obligataires à moyen et long termes et ceux contractuels ont accusé des baisses respectives de 4,5 % et 22,7 %.

Cette évolution de l’actif net s’est accompagnée au global d’une quasi-stabilité de sa structure par détenteurs. Ainsi, la part des compagnies d’assurances et de réassurances a connu une baisse à 14,4 % et celle des investisseurs institutionnels à 8,1 %. À l’inverse, celles des banques, des sociétés non financières et des autres institutions financières ont connu des augmentations respectives de 18,9 %, 16,3 % et 5,8 %. Quant aux organismes de prévoyance et de retraite, leur part est restée quasi-inchangée à 29,8 %.

(avec MAP)