Twitter déçoit au deuxième trimestre, et évoque l’impact de l’affaire Musk

Twitter a enregistré au deuxième trimestre des résultats sensiblement inférieurs aux attentes et est retombé dans le rouge, une déception due, selon le réseau social, à un contexte défavorable, en raison notamment de l’incertitude liée à son rachat potentiel par Elon Musk.

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Dans sa plainte, Twitter accuse Elon Musk d’avoir fait preuve d’“hypocrisie” et de “mauvaise foi”. Crédit: Chris Delmas / AFP

Le groupe, qui tente d’obtenir en justice que l’entrepreneur tienne son engagement, a vu son chiffre d’affaires reculer sur un an (-1 %), à 1,18 milliard de dollars, et constaté une perte nette de 270 millions de dollars, selon un communiqué publié vendredi. Rapportée par action, un indicateur très suivi par Wall Street, la perte est près du triple de ce qu’attendaient les analystes.

Ce repli est attribué à des “vents contraires” dans le secteur de la publicité, aux craintes qui pèsent sur la conjoncture économique, mais aussi à “l’incertitude liée à l’acquisition en cours de Twitter” par Elon Musk.

“Twitter est dans une chaloupe en pleine tempête”

Jasmine Enberg

“Twitter est dans une chaloupe en pleine tempête”, a commenté Jasmine Enberg, analyste d’Insider Intelligence, qui a rappelé que le groupe était “habitué aux contre-performances”.

Dans un contexte de durcissement des conditions de crédit et de ralentissement économique, les sociétés dont le modèle est entièrement basé sur la publicité souffrent d’une diminution des budgets des annonceurs.

Jeudi, Snap avait ainsi ouvert le bal des réseaux sociaux et affiché une perte plus importante que prévu et un chiffre d’affaires inférieur aux attentes, ce qui lui valait de perdre plus de 30 % vendredi dans les échanges préalables à l’ouverture de la Bourse de New York.

“Comparé au cauchemar de Snap hier, on voit que la publicité ne s’est pas effondrée”

Dan Ives

Les analystes ont néanmoins bien accueilli la progression de 8,8 millions du nombre d’utilisateurs actifs quotidiens dits “monétisables” de Twitter, c’est-à-dire pouvant être exposés à de la publicité sur la plateforme, pour un total de 237,8 millions.

“C’est mieux que ce qu’on craignait et les chiffres restent relativement solides en considérant le contexte actuel”, a réagi, dans une note, Dan Ives, de Wedbush Securities. “Comparé au cauchemar de Snap hier, on voit que la publicité ne s’est pas effondrée”, a ajouté l’analyste.

Après la publication des résultats trimestriels, le titre limitait ainsi son repli à moins de 2 % dans les échanges électroniques préalables à l’ouverture de Wall Street.

Le “rachat hypothétique” par Elon Musk

Au-delà d’une conjoncture défavorable à l’ensemble du secteur, Twitter est aussi fragilisé par la saga de son rachat hypothétique par Elon Musk. Après le renoncement de l’entrepreneur, début juillet, le dossier s’est déplacé sur le terrain judiciaire, où les dirigeants entendent obtenir que le milliardaire soit contraint à acquérir Twitter.

Mardi, une juge d’un tribunal spécialisé du Delaware (nord-est) a ordonné la tenue d’un procès resserré sur cinq jours, en octobre. La magistrate a ainsi accédé à la demande de Twitter, qui réclamait une procédure accélérée pour limiter les dégâts de cette saga sur le groupe, et a écarté, en revanche, les arguments des avocats d’Elon Musk, favorables à ce que les débats ne s’ouvrent pas avant 2023.

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L’homme d’affaires accuse les dirigeants de Twitter d’avoir menti sur la proportion des comptes automatisés et des spams sur la plateforme et de ne pas lui avoir fourni suffisamment de données pour vérification. Le groupe à l’oiseau bleu conteste ces assertions et reproche à Elon Musk de les utiliser pour faire diversion.

Les investisseurs considèrent, pour beaucoup, que Twitter a repris la main, ce qui a permis au prix de son action de rebondir. Il est désormais au même niveau qu’à la veille de l’annonce, le 4 avril, d’une prise de participation d’Elon Musk au capital, premier pas avant le dépôt d’une offre sur l’ensemble de la compagnie, dix jours plus tard.

Pour autant, le réseau social “se trouve désormais dans la situation peu enviable de devoir convaincre les annonceurs que son activité publicitaire est solide, quelle que soit l’issue de sa bataille judiciaire avec Musk”, a expliqué Jasmine Enberg.

Comme lors de la publication du premier trimestre, Twitter n’a pas organisé vendredi la traditionnelle conférence téléphonique de présentation des résultats.

(avec AFP)