Au total, sept plaintes sont déposées contre (Jacques) Bouthier et ses complices. Les victimes ont décidé de briser la loi du silence et d’autres suivront aussi”, a déclaré à l’AFP Me Abdelfattah Zahrach lors d’une conférence de presse à Tanger. Jusqu’à aujourd’hui, six Marocaines avaient porté plainte.
“Un septième suspect de nationalité française a été placé en garde à vue. Il sera présenté dans la journée (samedi) devant le procureur général du roi”, a indiqué de son côté Aïcha El Guella, avocate et présidente de l’Association marocaine des droits des victimes (AMDV) qui a organisé la conférence de presse.
Le 6 juillet, cinq collaborateurs de Bouthier avaient été mis en détention à la suite de plaintes d’anciennes employées de succursales du groupe Assu 2000 (rebaptisé Vilavi) à Tanger. Un sixième inculpé a été laissé en liberté. Ils sont notamment accusés de “traite d’êtres humains”, “harcèlement sexuel”, “attentat à la pudeur” et “violences verbales et morales”, selon les avocats des plaignantes.
Les faits présumés se sont produits entre 2018 et avril 2022 dans des filiales marocaines du géant du courtage en France. “Jacques Bouthier et ses collaborateurs sont en réalité une bande criminelle organisée”, a affirmé samedi El Guellaa. L’enquête en cours “va révéler d’autres victimes et d’autres complices”, a-t-elle assuré.
Plusieurs plaignantes ont fait état de harcèlement sexuel systématique, de menaces et d’intimidations au sein de l’entreprise française à Tanger.
Lors de la conférence de presse, les jeunes femmes — témoignant sous couvert de l’anonymat, leur identité protégée par des lunettes noires — ont dénoncé une “campagne d’intimidation dans les médias et sur les réseaux sociaux” menée par “le clan Bouthier”. “Le cauchemar continue, ils nous ont menacées, insultées, et même tenté de nous soudoyer, mais sans succès !”, a dit l’une d’elles.
Bouthier, riche homme d’affaires de 75 ans, a été mis en examen en mai à Paris à l’issue d’une enquête préliminaire ouverte mi-mars, avec cinq autres personnes, notamment pour traite d’êtres humains et viols sur mineure.
Fin juin dernier, une enquête de TelQuel relayant des témoignages de salariées du groupe à Tanger visant Jacques Bouthier, avait retracé ce qu’il est convenu d’appeler désormais le “système Bouthier”. Donnant la parole à des salariées du groupe à Tanger, l’enquête avait mis au jour le mécanisme de “chasse” qui a permis au prédateur sexuel de commettre des viols présumés sur mineures et/ou de harceler ses employées.
Tout de suite après cette enquête, la société Vilavi (ex-Assu 2000) a annoncé recourir à un cabinet indépendant pour auditionner les équipes de la société, établir les responsabilités et prendre les sanctions qui s’imposeraient.