Mardi 21 juin, la journaliste Hanane Bakour a reçu une convocation pour comparaître devant le Tribunal de première instance de Salé, une plainte déposée par le parti du chef du gouvernement (RNI) auprès de la brigade criminelle de la police de Salé.
Hanane Bakour est poursuivie pour avoir “relayé, sans autorisation préalable, des photos de la présidente de la région Guelmim-Oued Noun, Mbarka Bouaida”, nous confie-t-elle, s’indignant du motif de la plainte : “Je ne peux demander à Bouaida son autorisation à chaque fois que j’utilise sa photo, elle est une figure publique et elle doit assumer les contraintes de sa fonction.”
Quant à la plainte déposée près de la police, elle dénonce une “diffusion d’allégations de faits mensongers en vue de porter atteinte à la vie privée d’individus”.
Selon Hanane Bakour, le parti du chef de gouvernement l’a également poursuivie pour “mobilisation des électeurs contre le parti du RNI et pour avoir accusé le parti d’emploi d’argent dans les élections”. Des accusations que la journaliste rejette catégoriquement. “Dans la publication Facebook à laquelle fait référence l’avocat du RNI, je n’ai pas du tout mentionné le parti ni l’accusé d’emploi d’argent dans les élections, je n’ai parlé que de la mort de Abdelouahab Belfkih”.
En septembre 2021, après le décès de l’élu PAM, candidat à la présidence de la région Guelmim-Oued Noun, Hanane Bakour s’était en effet fendue d’une publication sur Facebook dans laquelle elle critiquait la tenue de l’assemblée du Conseil de région en vue d’élire son actuelle présidente Mbarka Bouaida, alors que Belfkih était entre la vie et la mort.
La presse au pénal
Interrogée par TelQuel sur une éventuelle intention de mandater un avocat, la journaliste nous informe qu’elle se défendra elle-même au tribunal. “Je ne veux pas en faire une affaire médiatique ni jouer l’héroïne”, a-t-elle affirmé.
Pour elle, le fait de la poursuivre selon le Code pénal et non de la presse et de l’édition est une preuve qu’il s’agit d’une “tentative du parti du chef du gouvernement de faire taire une voix libre et de restreindre la liberté d’expression”.
D’après Hanane Bakour, Mbarka Bouaida n’était même pas au courant de l’intention du parti de déposer plainte.
Contactés par TelQuel en vue d’avoir leur version des faits, ni Mbarka Bouaida ni le RNI n’ont répondu à nos sollicitations.