La déclaration conjointe signée par les deux dirigeants ne pipe pas mot sur le sujet. Mais tentant de calmer la colère de ses opposants au Sénat, le président du gouvernement espagnol a annoncé, aujourd’hui, avoir discuté de « l’espagnolité » de Sebta et de Melilia avec le souverain marocain.
« J’ai dit à Mohammed VI que la souveraineté espagnole sur Ceuta et Melilla ne fait aucun doute, tout comme n’importe quelle autre partie du territoire national », a-t-il lancé devant les députés.
Sánchez, qui s’est présenté devant une session plénière du Congrès espagnol pour faire le point sur les relations avec le Maroc suite à la nouvelle position de son Exécutif sur le différend du Sahara, a rejeté la référence aux deux enclaves comme des territoires occupés, mais en évitant de susciter la colère de décideurs marocains : « Nous n’acceptons pas que l’on parle de Ceuta et Melilla comme de villes occupées, car il s’agit de territoires espagnols, européens, reconnus internationalement (…) mais nous devons aussi comprendre que le Maroc mérite la même considération lorsque nous parlons des questions qui le concernent ».
Selon le chef d’Exécutif, les deux enclaves ne peuvent pas se développer « sous la pression de l’exceptionnalité et de la précarité permanentes ». Il a, par ailleurs, mentionné « l’importance de normaliser le passage des personnes et des marchandises ».
Sánchez a, ensuite, plaidé pour l’éradication de la contrebande, qu’il s’est contenté de qualifier de « commerce atypique ».
Concernant le changement de la position de son gouvernement sur la question du Sahara, Sanchez a appelé les autres partis espagnols à suivre les pas du sien, considérant ce changement comme une « politique d’Etat ».
Le plan d’autonomie du Sahara ne fait pas l’unanimité
Les partis de l’opposition au Sénat ibérique, notamment ceux de la droite, ne semblent pas convaincus du plaidoyer du Premier ministre. En effet, le Parti populaire (principal parti de l’opposition) et Vox (extrême droite) maintiennent toujours leur « rejet » de la position du gouvernement de leur pays.
La secrétaire générale et porte-parole du Parti populaire (PP) au Congrès, Cuca Gamarra, a appelé Sanchez à « revenir à la neutralité » sur le différend. La secrétaire générale du principal parti d’opposition a parlé d’un « échec » de Sánchez puisque « les douanes commerciales demeurent fermées » (avec Sebta et Melilia, ndlr) et a critiqué une « désunion au sein du gouvernement concernant un changement de position en politique étrangère qui n’a pas non plus l’approbation du Congrès ».
Le leader du parti Vox, Santiago Abascal, n’a quant à lui pas caché son hostilité envers la position du Maroc, quant au très sensible sujet du Sahara. Revendiquant une « reconnaissance marocaine » de la souveraineté de son pays sur les villes de Sebta et Melilia « une bonne fois pour toutes », Abascal a considéré que la nouvelle position en faveur du plan marocain d’autonomie « n’engage que le président du gouvernement ». « Le Maroc doit savoir que ce changement de position ne compromet pas le Parlement espagnol ni bien sûr, le prochain gouvernement de l’Espagne », a-t-il lancé.
Principal parti de l’extrême droite espagnole, Vox est habituellement connu pour ses positions éloignées de celles défendues par le Polisario, sur le différend du Sahara. En octobre 2020, le parti n’avait pas apposé sa signature à une proposition de loi réclamant de soutenir l’élargissement du Mandat de la mission de l’ONU au Sahara (Minurso) aux droits de l’Homme. Mais il adopte une position plutôt hostile aux intérêts du Maroc lorsqu’il s’agit des relations bilatérales entre les deux pays ou du dossier de Sebta et Melilia.
(avec EFE)