Plusieurs objectifs communs, inscrits dans le cadre du “Green Deal” européen vers la neutralité carbone en 2050, ont été ainsi revus à la hausse. Alors que la Commission avait proposé de faire passer de 32 % à 40 % l’objectif global contraignant de l’UE à l’horizon 2030 en matière d’énergie renouvelable, elle a proposé cette fois de le fixer à 45 %.
L’Exécutif veut que l’énergie produite à partir de sources renouvelables représente dans huit ans près de la moitié de la consommation d’énergie finale brute de l’Union. Plus d’ambition est également affichée en matière d’efficacité énergétique.
Horizon 2030
En 2030, les consommations primaire et finale d’énergie ne devraient plus baisser de 9 %, mais bien de 13 % par rapport aux projections de référence pour cette année-là.
La Commission accompagne son plan de plusieurs propositions pratiques. “Nous proposons d’imposer des toitures photovoltaïques pour les bâtiments commerciaux et publics d’ici à 2025 et pour les bâtiments résidentiels neufs d’ici à 2029”, a indiqué la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen.
Elle suggère également d’accélérer les procédures de permis pour les renouvelables. “Aujourd’hui, cela peut prendre 6 à 9 ans d’obtenir le permis pour un parc éolien. Nous voulons que les États membres définissent des zones privilégiées, dans lesquelles on ferait en sorte que les procédures ne dépassent pas un an”, a-t-elle précisé.
Parmi les autres mesures listées figure l’opérationnalisation d’ambitions rehaussées “en matière d’hydrogène, avec 10 mégatonnes de plus qu’anticipé d’ici 2030, et en termes de biométhane, avec un doublement de la production domestique voulue en 2030”, à 35 milliards de mètres cubes.
Cap sur l’hydrogène vert
Pour l’hydrogène “vert”, l’objectif n’est pas seulement d’en produire (10 millions de tonnes par an en 2030), mais aussi d’en importer plus facilement. “Développer l’hydrogène et le biométhane a pour but de remplacer au moins partiellement, dans certains secteurs, la consommation de gaz naturel pour laquelle l’UE dépend grandement des importations de Russie”, explique-t-on.
Le plan table entre autres sur un possible “shift” de la production d’énergie vers davantage de charbon et de nucléaire, même si c’est temporaire et que cela se fera sans construction de nouvelles infrastructures.
“Dans la nouvelle réalité, la consommation en gaz de l’UE se réduira plus rapidement, limitant le rôle du gaz en tant que combustible de transition”, selon la Commission, qui relève, cependant, que “se détourner des combustibles fossiles russes nécessitera aussi des investissements ciblés dans l’infrastructure gazière, pour la sécurité d’approvisionnement, et des changements limités dans l’infrastructure pétrolière, en plus d’investissements à grande échelle dans le réseau électrique et dans une dorsale européenne de l’hydrogène”.
“Des investissements massifs et des réformes”
L’UE ne veut pas tourner entièrement le dos au gaz, mais souhaite qu’il provienne de différentes sources (non-russes), principalement via des importations supplémentaires sous forme de GNL (gaz naturel liquéfié).
La Commission va d’ailleurs envisager des mesures législatives pour rendre la diversification de l’approvisionnement en gaz obligatoire au niveau de chaque État. Elle annonce également un futur mécanisme d’achat conjoint suivant le modèle de l’achat commun de vaccins contre la Covid-19, permettant de négocier des contrats au niveau européen.
D’après la Commission, les actions proposées nécessiteront “des investissements massifs et des réformes”, pour lesquels les besoins additionnels se chiffrent à quelque 210 milliards d’euros d’ici 2027. Parmi les investissements nécessaires attendus figure l’adaptation des infrastructures pétrolières pour un montant de “1,5 à 2 milliards d’euros” en faveur des quelques États membres très dépendants du pétrole russe. Il s’agit surtout de la Hongrie.
(avec MAP)