Maroc-Espagne : pour Albares, il s’agit de démêler un conflit “vieux de 46 ans”

En soutenant l’initiative marocaine d’autonomie comme “la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution du différend”’ au sujet du Sahara, l’Espagne veut “contribuer à démêler un conflit vieux de 46 ans avec une solution mutuellement acceptable” a affirmé, le 22 mars, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares.

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Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, le 10 septembre 2021. Crédit: Farooq Naeem / AFP

Lors de la séance de questions au gouvernement au Sénat, mardi 22 mars, José Manuel Albares a répondu aux questions de cinq porte-parole qui lui ont notamment reproché le soutien de l’Espagne à la proposition d’autonomie pour le Sahara présentée par le Maroc.

Ce à quoi le ministre espagnol des Affaires étrangères a répondu que la position adoptée par l’Espagne était “celle des Nations unies, de la Charte des Nations unies, du Conseil de sécurité des Nations unies et des résolutions des Nations unies, y compris la dernière, la résolution 2602”.

En effet, la position de l’Espagne est selon Albares “très similaire à celle adoptée par la France et l’Allemagne, à savoir que le plan d’autonomie marocain est la base la plus réaliste”, permettant d’espérer une résolution du conflit.

“La relation avec notre voisin du Sud est fondamentale en termes de gestion des flux migratoires, de sécurité et de lutte contre le terrorisme”

José Manuel Abares

“Je ne crois pas que quiconque pense que la position de ces deux pays se situe en dehors de la légalité internationale”, a fait observer le chef de la diplomatie espagnole, rappelant que la position exprimée par le gouvernement espagnol est conforme aux résolutions de l’ONU. Elle s’inscrit également dans le cadre du soutien de la mission de l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara, Staffan de Mistura, a-t-il encore ajouté.

Par ailleurs, José Manuel Albares a mis l’accent sur l’importance des relations avec le Maroc, assurant que “la relation avec notre voisin du Sud est fondamentale en termes de gestion des flux migratoires, de sécurité et de lutte contre le terrorisme”.

“Un grand triomphe politique pour le Maroc”

La porte-parole du Parti populaire, Pilar Rojo, et la sénatrice du Parti nationaliste basque, Estefanía Beltrán de Heredia, ont reproché au ministre d’avoir pris une décision aussi “drastique” dans le dos du Parlement, des partis et de son propre gouvernement : “Il a ignoré tous les Espagnols”, a déclaré Mme Rojo.

Elles lui ont également reproché le fait que le changement de position de l’Espagne ait été connu grâce à une fuite en provenance du Maroc, qui a révélé une lettre du président Pedro Sánchez adressée au roi Mohammed VI, dans laquelle il “cédait la souveraineté” du Sahara dans ce que Beltrán de Heredia a considéré comme “un grand triomphe politique pour le Maroc”.

“Politique du fait accompli”

De son côté, le sénateur de la Gauche républicaine de Catalogne (ERC) Jordí Martí a reproché à la nouvelle position de l’Espagne de “cautionner la politique du fait accompli et la violation des droits de l’Homme par le Maroc”, et a souligné que les tentatives de résolution d’une crise avec le Maroc mettaient en danger la stabilité de toute la région.

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Pour rappel, lorsqu’elle a été interrogée sur le changement de politique étrangère, suite au conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement espagnol Isabel Rodriguez a répondu que le soutien de la proposition du Maroc concernant le Sahara ne devrait pas affecter les relations avec l’Algérie, puisqu’il s’agit de rétablir “une relation bilatérale entre l’Espagne et le Maroc”.

(avec MAP et EFE)