Az-El-Arabe Hassibi ne parle pas, il agit. Dans le silence des couloirs de l’ANRT, cet homme orchestre et pilote des projets déterminants pour l’avenir du digital au Maroc.
Nommé à la tête de l’ANRT en juin 2017 après six mois d’intérim, Hassibi incarne un paradoxe : plus il est discret, plus son impact est visible. Alors que son nom brille par son absence sur la Toile, ses décisions, elles, façonnent l’avenir de l’écosystème du digital.
Dans l’ombre, cet ingénieur de formation déploie des projets structurants : préparation de l’attribution des licences 5G, arbitrage des litiges entre opérateurs télécoms, déploiement d’un réseau fibre optique pour 50 % des ménages d’ici fin 2025.
Géant des télécoms, fantôme médiatique
Diplômé de l’INPT en 1994, il maîtrise l’art du double jeu : géant des télécoms, fantôme médiatique. Bien que régulièrement présent aux cérémonies, son parcours professionnel demeure un mystère pour le grand public. Les demandes d’interview restent lettre morte, et seules des recherches minutieuses permettent de retracer son ascension.
Sa carrière débute en 1994 au ministère des Postes et Télécommunications, où il officie comme ingénieur d’État. En 1998, il rejoint l’ANRT, marquant le début d’une évolution progressive. Dès ses premières années, il contribue à un projet historique : la régulation des licences télécoms, pierre angulaire de la libéralisation du marché. Son expertise le propulse en 2006 au poste de directeur technique, puis de directeur de la concurrence et du suivi des opérateurs, où il affine l’équilibre entre acteurs du secteur. Cette trajectoire implacable culmine en 2017 avec sa nomination au poste de directeur général de l’ANRT.

Son mantra, “réguler pour innover”, guide une stratégie offensive articulée autour de trois axes : les infrastructures, avec un déploiement accéléré du haut débit post-Covid et la préparation des licences 5G ; l’équité, par la gestion des licences historiques et l’arbitrage des conflits entre opérateurs ; et le cadre juridique, à travers des réformes agiles comme le code de portabilité des numéros, conçu pour épouser l’innovation.
Son expertise en régulation des télécoms, alliée au rayonnement continental de l’ANRT, lui vaut la présidence du Réseau francophone de régulation (Fratel) en octobre 2023, lors de la 21e assemblée annuelle à Rabat.
Alors que le Maroc s’apprête à basculer dans l’ère 5G, Hassibi incarne un leadership atypique : ni tribunes, ni tweets, juste des résultats. Sous sa houlette, l’ANRT a boosté son cadre réglementaire favorable à la concurrence, anticipé les besoins en fibre optique, et préparé le terrain pour une couverture 5G ambitieuse.
“La discrétion n’est pas un choix, c’est une nécessité”, aurait-il confié à un proche. Une philosophie qui explique pourquoi, malgré trois décennies d’influence, il reste l’homme le plus mystérieux des télécoms au Maroc.